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Le Nouvel Obs avec AFP

Publié le 14 septembre 2025 à 12h23

, mis à jour le 14 septembre 2025 à 12h39

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Le président polonais Karol Nawrocki rencontre des pilotes d’avions de combat F-16 Fighting Falcon à la 31e base aérienne de Poznan-Krzesiny dans l’ouest de la Pologne, le 11 septembre 2025, quelques heures après le survol du pays par au moins 19 drones russes.

Le président polonais Karol Nawrocki rencontre des pilotes d’avions de combat F-16 Fighting Falcon à la 31e base aérienne de Poznan-Krzesiny dans l’ouest de la Pologne, le 11 septembre 2025, quelques heures après le survol du pays par au moins 19 drones russes. WOJCIECH OLKUSNIK/EAST NE/SIPA

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Coutumier des sorties anti-allemandes, le président nationaliste polonais Karol Nawrocki se rend mardi 16 septembre à Berlin pour une visite délicate, au moment où Varsovie cherche des soutiens militaires et politiques après une intrusion de drones russes sur son territoire.

Le président polonais rencontrera son homologue allemand Frank-Walter Steimeier et le chancelier Friedrich Merz, avant de se rendre à Paris.

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Ancien directeur de l’Institut de la mémoire nationale (IPN) chargé de poursuivre les crimes nazis et communistes, Karol Nawrocki a, à plusieurs reprises, accusé l’Allemagne de considérer la Pologne comme « un partenaire mineur », « une économie auxiliaire » ou encore de lui renvoyer des migrants.

Des réparations financières réclamées

Conformément à ses promesses électorales, le nouveau président – entré en fonction en août – pourrait surtout réclamer à Berlin des réparations au titre des crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale, une position que ne partage pas le gouvernement pro-européen polonais.

Près de six millions de Polonais, dont trois millions de confession juive, sont morts au cours de ce conflit.

« La Pologne (…) a besoin à la fois de justice, de vérité et de relations claires avec l’Allemagne, mais elle a également besoin de réparations de la part de l’Etat allemand », a prévenu Karol Nawrocki le 1ᵉʳ septembre, lors de cérémonies anniversaires de l’entrée en guerre de l’Allemagne nazie contre la Pologne.

A cet égard, le chef de l’Etat polonais peut être tenté d’utiliser son déplacement à Berlin à des fins de politique intérieure, pour parler à son électorat aux ressentiments anti-allemands forts, relève l’analyste Wojciech Przybylski.

En 2022, le gouvernement nationaliste polonais de l’époque avait estimé les pertes polonaises de la Seconde Guerre mondiale à 1 300 milliards d’euros.

Selon Berlin, la Pologne a renoncé à ses réparations en 1953, sous la pression de l’Union soviétique. L’Allemagne a opposé les mêmes arguments aux demandes de réparations soulevées par la Grèce.

Davantage d’aide pour la défense

Le chancelier Merz « a pris note des déclarations » de Karol Nawrocki, a fait savoir vendredi 12 septembre le porte-parole du gouvernement allemand, Stefan Kornelius, ajoutant que « la position du gouvernement sur cette question n’a pas changé ».

Début juin, peu après l’élection de Karol Nawrocki, Stefan Kornelius avait indiqué que la position allemande ne signifiait pas « que les questions de souvenir et de réconciliation avec le passé soient définitivement closes », mais qu’elles devaient prendre une autre forme que celle des réparations financières.

Pour le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski, Berlin ne paiera jamais et la Pologne doit s’y résigner, au nom de la relation polono-allemande.

La demande de réparations n’en demeure pas moins légitime et Berlin pourrait faire un geste, a-t-il récemment suggéré, en investissant encore davantage dans la défense de la Pologne, pays membre de l’UE et de l’Otan qui partage une frontière avec l’Ukraine, le Bélarus et la Russie.

Des propos tenus avant l’intrusion d’une vingtaine de drones russes sur le territoire polonais dans la nuit du 9 au 10 septembre. En réponse à ce qu’ils qualifient de « provocation » de Moscou, les alliés de la Pologne ont aussitôt annoncé renforcer leur contribution à sa défense aérienne le long de sa frontière orientale.

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L’Allemagne a par exemple décidé de prolonger sa mission de protection de l’espace aérien polonais de trois mois et fait passer de deux à quatre le nombre de ses avions de combat Eurofighter. Un geste clair de soutien à Varsovie qui fragilise la posture du président polonais.

Face à Karol Nawrocki, l’Allemagne a des arguments en matière de « politique de sécurité », souligne ainsi l’analyste allemand Kai-Olaf Lang du groupe de réflexion SWP à Berlin.

Mis en porte-à-faux par Trump

D’autant que le président américain Donald Trump, pour lequel Karol Nawrocki n’a jamais caché son admiration, a choqué le gouvernement et l’opinion publique polonais en laissant entendre que l’intrusion des drones n’était peut-être pas intentionnelle mais le résultat d’une « erreur ».

« A l’heure de vérité, nous recevons un signal qu’il n’est pas certain que Washington nous aidera en cette période difficile », note Marcin Zaborowski de groupe de réflexion Globsec.

Cela remet en question la conception du dirigeant nationaliste misant tout sur l’alliance avec les Etats-Unis, et « devrait avoir un impact sur sa communication en Allemagne et en France », explique-t-il à l’AFP.

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Le Nouvel Obs avec AFP