Contrairement à ses rivaux asiatiques et européens, Tesla ne croit pas en la batterie solide. Une erreur technologique fatale ?

Longtemps considérée comme l’avant-garde de la mobilité électrique, Tesla a bâti sa réputation sur une communication habile et sur son avance en matière de batteries lithium-ion. Mais cette avance se fissure dangereusement.

Alors que ses concurrents – allemands, chinois ou japonais – annoncent des progrès majeurs sur les batteries de nouvelle génération, Tesla paraît prisonnière d’une stratégie qui atteint ses limites. Depuis ses débuts, la firme d’Elon Musk a toujours privilégié une approche pragmatique : optimiser la chimie lithium-ion existante plutôt que miser sur des ruptures risquées. Ce choix lui a permis d’accélérer la production et de réduire les coûts, notamment grâce aux cellules LFP (Lithium-Fer-Phosphate) de fournisseurs chinois comme CATL ou BYD. Dans ses communications, Tesla insiste sur ses propres avancées – à l’image des cellules 4680 dévoilées en 2020 – mais la réalité est plus nuancée : la marque californienne demeure dépendante de ses partenaires pour la majorité de ses batteries. En matière de chimie pure, l’innovation est bien davantage portée par ses fournisseurs que par Tesla elle-même.

Mercedes EQS record 2025

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Un narratif Tesla qui ne fonctionne plus ?

Tesla, comme nombre de ses concurrents, achète des solutions technologiques sur étagères et les implémente dans ses voitures. Comme un très grand et complexe Mecano. Or, la chimie LFP, aussi robuste et économique soit-elle, montre aujourd’hui ses limites. Sa densité énergétique plafonne, ce qui la rend parfaitement adaptée aux modèles compacts et abordables, mais insuffisante pour les véhicules haut de gamme, longs trajets ou lourds SUV. Tesla peut compenser en optimisant l’intégration du pack et le software, mais ces ajustements n’effacent pas le besoin d’un changement de paradigme.

Ce changement, ce sont les concurrents qui le préparent. En Chine, CATL et BYD innovent à un rythme effréné avec des architectures de packs plus efficaces (Qilin, Blade) et des explorations sur le sodium-ion, une technologie low-cost prometteuse pour les marchés de masse. En Europe et au Japon, l’attention se porte sur la batterie à électrolyte solide, qui offre 30 à 50 % de densité énergétique supplémentaire et une sécurité accrue.

Mercedes EQS record 2025

Mercedes, par exemple, a récemment présenté un prototype d’EQS équipé d’une batterie solide développée avec la startup américaine Factorial Energy, promettant 25 % d’autonomie en plus. Un roadtrip entre Malmö en Finlande et Stuttgart en Allemagne a été effectué avec une seule charge, soit 1205 km… avec encore 137 km d’autonomie restante ! Soit potentiellement jusqu’à 1342 km d’autonomie. Plus du double des meilleures Tesla du marché !

Toyota, quant à elle, vise une industrialisation de cette technologie à l’horizon 2028. C’est à dire demain.

Tesla face à un mur technologique

Face à cette effervescence, le silence de Tesla sur le sujet des batteries solides interpelle. Elon Musk a publiquement relativisé leur potentiel, estimant que la technologie était « surévaluée » tant qu’elle ne serait pas industrialisable à grande échelle. Le problème, c’est que ses concurrents avancent, même si la production de masse demeure lointaine. La marque de Palo Alto donne l’impression de miser exclusivement sur l’amélioration de l’existant, au risque de se retrouver dépassée si la bascule industrielle a lieu dans la seconde moitié de la décennie.

Mercedes EQS record 2025

L’avenir des batteries semble se dessiner autour de deux axes. D’un côté, le sodium-ion pour les modèles d’entrée de gamme, notamment en Asie, avec une commercialisation dès 2025. De l’autre, le lithium-métal solide, dont l’industrialisation pourrait se concrétiser autour de 2030 pour des véhicules premium. Entre ces deux pôles, la chimie LFP risque de perdre de son attrait stratégique.

Dans la guerre des chimies, Tesla ne tient plus les cartes maîtresses. Si Mercedes, Toyota, CATL ou BYD parviennent à transformer leurs promesses en réalités industrielles, Tesla se retrouvera pour la première fois dans la position qu’elle a toujours craint : celle d’un suiveur.

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