Par
Thomas Bernard
Publié le
14 sept. 2025 à 17h02
Selon les chiffres communiqués par Santé Publique France, 20,8 % des 18-24 ans ont été concernés par la dépression en 2021. La crise du Covid-19 a accéléré le besoin en santé mentale des jeunes.
Depuis cinq ans le service de psychiatrie 5 du CHU de Nantes porte le projet de l’unité Philaé, un service de psychiatrie accueillant des adolescents et jeunes adultes de 15 à 20 ans pour des hospitalisations de courte durée. Ce jeudi 11 septembre 2025, l’unité a été inaugurée.
Un lieu pluridisciplinaire
La nouvelle unité, à vocation départementale, est installée sur le site de l’hôpital Saint-Jacques, au sud de Nantes, regroupant divers services psychiatriques du CHU de Nantes. Philaé dispose de huit lits (chambres individuelles), pour accueillir des jeunes âgés de 15 à 20 ans. Une unité ouverte 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Le jeune est accueilli au sein de l’unité après une consultation d’un professionnel aux urgences psychiatriques. Après entretien et évaluation de l’équipe médicale, un plan de soin est proposé au patient. L’hospitalisation s’effectue sur une durée de 1 à 5 jours.

Une salle de relaxation compose les locaux de l’unité Philaé. (©Thomas Bernard / actu Nantes)
« Le but c’est de capter, et d’avoir une réponse à une demande urgente », explique le docteur Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie 5 au CHU de Nantes.
Au sein de murs colorés, le parcours de soins des patients peut comprendre entre autres : des entretiens médicaux, familiaux, psychothérapeutiques, un ajustement médicamenteux ou des médiations thérapeutiques.
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L’équipement sanitaire compte une salle de réunion, une salle de relaxation, espaces collectifs, ou bien une salle baptisée « le défouloir ». Dans cette dernière pièce mentionnée, le jeune peut rester 45 minutes à l’intérieur en tapant notamment dans un sac de boxe.
« C’est une salle où le jeune peut sortir les émotions et sa colère », note Guillaume Pinon, psychologue au sein de l’unité Philaé.
L’équipe soignante est pluridisciplinaire et est composée de : psychiatre, pédopsychiatre, psychologue, assistante sociale, éducateurs (sportif et spécialisé) et infirmiers.
Les travaux qui ont permis la création de la nouvelle unité Philaé ont été financés
avec le soutien de l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire pour un montant d’un million d’euros.
Renforcer l’offre de soins
Les professionnels de santé confirment l’explosion des cas de santé mentale chez les jeunes. Cette augmentation entraîne l’hospitalisation de mineurs en psychiatrie adulte, faute de places suffisantes.
En Loire-Atlantique, 250 mineurs ont été hospitalisés en service psychiatrie adulte, sur les années 2023 et 2024. « Ce n’est pas positif pour le jeune, ce n’est pas du tout adapté à ses besoins », ajoute le docteur Rachel Bocher.

Une partie de l’équipe de l’unité Philaé. (©Thomas Bernard / actu Nantes)
Historiquement, le département de Loire-Atlantique est sous doté en nombre de lits d’hospitalisation de pédopsychiatrie. En 2024, on comptait 14 lits de pédopsychiatrie dans le 44, soit 4,3 lits pour 100 000 habitants mineurs. Un ratio deux fois inférieur à la moyenne dans les Pays de la Loire.
« Philaé est le chaînon manquant pour prendre en charge des crises aiguës et décharger des services ambulatoires en surcharge », confie le docteur Alexandra Romero, psychiatre, responsable de l’unité Philaé.
Avec la configuration de l’unité Philaé, le docteur Rachel Bocher vise la prise en charge rapide des maladies mentales chez les jeunes mais aussi leur prévention. « C’est sur cette tranche d’âge (15-20 ans, N.D.L.R) que 75 % des nouvelles pathologies mentales émergent. Il faut intervenir tôt afin d’éviter l’escalade. »
La santé mentale, un enjeu d’avenir
Le CHU de Nantes compte renforcer l’offre de soin en pédopsychiatrie avec la mise en place de nouvelles unités d’hospitalisation pour les mineurs. En 2027, une autre unité composée de huit lits est prévue. De plus, le centre hospitalier Georges Daumézon à Bouguenais, doit accueillir deux nouvelles unités d’hospitalisation, soit 16 lits, à horizon 2028.
« Les jeunes d’aujourd’hui, sont les adultes de demain. La santé mentale est un enjeu de santé publique », note Rachel Bocher.
Pou rappel, la santé mentale est la grande cause nationale en 2025, une cause qui doit perdurer dans le temps pour la cheffe du service de psychiatrie 5 au CHU de Nantes. « J’aimerais que la santé mentale soit une grande cause durable. »
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