Un chantier colossal doit débuter bientôt afin de créer à Toulon une nouvelle zone portuaire dédiée à l’accueil et à la maintenance du porte-avions de nouvelle-génération.

Comme le Charles de Gaulle, le PA-NG sera stationné dans la rade de Toulon, qui abrite la plus grande base navale d’Europe. Des installations portuaires qui bénéficient, à l’occasion du renouvellement du gros de la flotte française, d’un programme colossal de rénovation entamé dans les années 2010 et pour lequel, selon le ministère des Armées, 2,5 milliards d’euros sont encore investis entre 2023 et 2030. Pour accueillir les nouvelles frégates, SNA et autres bâtiments ravitailleurs de forces (BRF), les quais, bassins de radoub, outillages, ateliers, zones de stockage, réseaux et installations nucléaires (servant au rechargement des réacteurs de propulsion) sont remis à neuf. C’est le cas par exemple des appontements de la zone Milhaud, où le Charles de Gaulle se met à quai, ainsi que des bassins Vauban où il passe en cale sèche. Mais ces infrastructures ne sont pas assez grandes pour accueillir son successeur. Après étude, il a été décidé de ne pas retenir l’option d’une adaptation au PA-NG de la zone Vauban, dont les bassins ne font que 40 mètres de large. L’opération a été jugée trop complexe et coûteuse, alors qu’elle posait aussi la problématique de la disponibilité de cette infrastructure critique pour la fin de vie du Charles de Gaulle et les besoins de passage en cale sèche d’autres unités de la flotte. 

 

Le Charles de Gaulle aux bassins Vauban. 

 

Sous l’égide du Service des Infrastructures de la Défense (SID), une nouvelle zone industrialo-portuaire dimensionnée pour l’accueil et la maintenance du PA-NG va donc être édifiée à l’ouest des appontements Milhaud. Il va s’agir du plus grand chantier du genre en matière de génie civil portuaire conduit en France depuis 50 ans et la construction du bassin 10, à Brest. Les travaux doivent débuter en 2027 pour une livraison prévue au plus tard en 2035, date correspondant à l’arrivée à Toulon du futur porte-avions. Ce nouveau pôle, appelé Milhaud 7 (la zone comprend déjà six appontements, dont Milhaud 6 où le Charles de Gaulle accoste), sera aménagé sur une zone de friches et une partie gagnée sur la rade. Il couvrira une surface de 10 à 15 hectares (Vauban s’étend sur 15 ha) et comprendra une grande forme de radoub, deux quais et un vaste terre-plein permettant d’accueillir des hangars et ateliers. Les installations nucléaires resteront celles déjà en place pour les SNA et le Charles de Gaulle à Missiessy. 

La nouvelle forme accueillera les passages en cale sèche du PA-NG, en particulier ses arrêts techniques majeurs (ATM), qui interviendront tous les dix ans. Ces grandes périodes de maintenance, d’une durée d’environ 18 mois, comprendront le débarquement des éléments combustibles usagés des cœurs nucléaires et leur rechargement avec des barres neuves, la visite de l’ensemble des installations et systèmes de la plateforme, le carénage de la coque et les grands travaux de modernisation. Le nouveau bassin devrait mesurer plus de 350 mètres de long pour une soixantaine de mètres de large. Suffisamment grand pour le PA-NG, il pourra aussi, entre deux passages en cale sèche du futur porte-avions, accueillir les arrêts techniques d’autres bâtiments. Le Service de Soutien de la Flotte (SSF) va ainsi gagner de précieuses capacités supplémentaires au profit de la maintenance des unités basées à Toulon, en complément de celles disponibles aujourd’hui dans les zones Vauban, Castigneau et Missiessy.  

On notera par ailleurs que le choix d’édifier à Milhaud 7 deux grands quais d’environ 400 mètres laissera la possibilité d’accueillir un second porte-avions si la France décide de donner un jumeau au PA-NG.  

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