Après des semaines de sécheresse, l’herbe verte de la prairie dévale le flanc de colline. Une dizaine de vaches s‘esbaudissent de cette alléchante pitance. Charles Fossé, le maître des lieux, a repris l’exploitation laitière familiale il y a 10 ans. Président des Jeunes agriculteurs de Bretagne – une organisation proche de la FNSEA – le trentenaire gère son exploitation à Langon, près de Redon, en bio.

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Considéré comme un « réformiste » au sein du mouvement agricole, Charles Fossé était pressenti pour prendre la tête du Space, le Salon de l’élevage qui se déroule mi-septembre au Parc-Expo. Las. Selon une enquête du Mensuel de Rennes, sa candidature a été écartée à l’issue de débats décrits comme très tendus en interne par plusieurs sources. Le profil de Charles Fossé était-il trop « révolutionnaire » ? « C’est une volonté du conseil d’administration et du Parc expo », répond prudemment l’intéressé. C’est finalement Didier Lucas1, un éleveur porcin, ex-président de la FDSEA des Côtes-d’Armor, réélu en février à la tête de la Chambre d’agriculture de son département, qui a repris le flambeau de Marcel Denieul fin juin.

Une autre candidature en balance

« Un choix de compromis », selon Laurent Kerlir, président fraîchement élu à la tête de la Chambre régionale d’agriculture en mars. Selon nos informations, Laurent Kerlir et Jean-Pierre Pigeault, fondateur du groupe immobilier du même nom et directeur du Parc expo, militaient pour la candidature d’André Sergent2. Tous trois étaient déjà membres du conseil d’administration du Space. Sergent, 62 ans, éleveur de porcs et de vaches laitières, est un pilier du modèle agricole breton. Ce Finistérien, basé au Cap Sizun, préconise par exemple l’agrandissement des fermes en Bretagne (Ouest-France, 06/01).

À la tête de la Chambre régionale d’agriculture depuis 2019, il a raccroché les crampons lors de la dernière élection, fin janvier. Son profil trop « conservateur » a-t-il joué en sa défaveur ? « J’ai vécu ça de très près, ça été un choix de personnes, le parc expo avait aussi son avis à donner », explique Laurent Kerlir.

Ligne éditoriale

De son côté, Jean-Pierre Pigeault renvoie vers la commissaire du salon. Anne-Marie Quéméner pondère : « Le Space est un salon international, pas local. Un tiers des exposants viennent de 120 pays. Les orientations du Space vont au-delà de ce qu’il se passe dans la région. » Selon elle, l’agroécologie est présente partout dans le Space, « même si c’est en filigrane ».

Sur le site du salon, la question environnementale n’est, effectivement, pas présente explicitement. La « ligne éditoriale » du Space fait la part belle aux solutions technologiques pour répondre aux problématiques environnementales. « Grâce à l’IA, qui occupe une place importante au Space, il y a des dispositifs encore au stade de prototypes qui permettent de cibler précisément la mauvaise herbe et donc, de réduire les produits phytos », illustre Laurent Kerlir.

1. Contacté à de multiples reprises, Didier Lucas n’a pas donné suite.

2. Contactée, la FNSEA du Finistère n’a pas donné suite à nos demandes d’interview d’André Sergent.