Le résident monégasque et magnat de l’industrie chimique redirige ses milliards d’investissements vers des horizons plus cléments, dénonçant l’instabilité fiscale britannique.

Un régime fiscal « parmi les plus instables au monde »

Le conglomérat INEOS de Sir Jim Ratcliffe, résident de Monaco et propriétaire de Manchester United et de l’OGC Nice, a cessé tout investissement au Royaume-Uni, détournant 3 milliards de livres sterling vers les États-Unis. Cette décision radicale, révélée par The Telegraph et The Times, fait suite à ce que Brian Gilvary, président de la division énergétique d’INEOS, qualifie de transformation du Royaume-Uni en « l’un des régimes fiscaux les plus instables au monde pour les ressources naturelles et l’énergie. »

La taxe exceptionnelle qui fait déborder le vase

Au cœur de cette rupture se trouve la windfall tax sur les profits pétroliers et gaziers de la mer du Nord, initialement fixée à 75% par les conservateurs et portée à 78% par la chancelière Rachel Reeves. Cette surtaxe, combinée aux prix de l’énergie industrielle les plus élevés d’Europe – ayant bondi de 75% entre 2021 et 2024 selon les données officielles – a rendu les opérations britanniques d’INEOS économiquement insoutenables.

La fermeture emblématique de la raffinerie de Grangemouth en Écosse, après un siècle d’activité, illustre dramatiquement cette impasse industrielle.

L’Amérique, terre promise énergétique

« Les États-Unis comprennent parfaitement l’importance de l’approvisionnement domestique et comment stimuler la croissance économique sur cette base, » explique Gilvary au Telegraph. Le contraste est saisissant : alors que l’Amérique est passée d’importatrice à exportatrice nette d’énergie, produisant désormais 13 millions de barils par jour, le Royaume-Uni voit sa production de mer du Nord s’effondrer.

Project ONE : l’exception européenne

INEOS poursuit son investissement colossal de 4 milliards d’euros dans Project ONE à Anvers – le plus grand investissement chimique européen depuis une génération. Ce projet, achevé à 70% et employant 2500 personnes, représente selon Sir Jim Ratcliffe un acte de foi isolé dans une Europe qu’il accuse de « somnambulisme vers le déclin industriel. »

Cette dichotomie révèle la philosophie d’un industriel qui privilégie désormais la stabilité réglementaire américaine face à ce qu’il perçoit comme l’imprévisibilité britannique post-Brexit et post-travailliste.