En France, le procès de douze militants de l’aide à mourir, âgés de 74 à 89 ans, s’ouvre ce lundi 15 septembre devant le tribunal de Paris pour avoir permis à des dizaines de personnes de se procurer des barbituriques afin de mettre fin à leurs jours.

Ils revendiquent le droit à disposer de son corps et donc le droit à un suicide serein, que l’on soit malade ou non. Les douze prévenus sont accusés d’avoir renseigné des dizaines de personnes sur le meilleur moyen d’acheter du pentobarbital, un psychotrope utilisé en Belgique ou en Suisse, où le suicide assisté est légal. En France, son usage est restreint à la médecine vétérinaire.

À lire aussiAide à mourir, euthanasie, suicide assisté… de quoi parle-t-on?

À l’été 2019, les autorités américaines signalent une filière mexicaine de vente de barbituriques. Le pentobarbital est expédié à travers le monde sous forme de liquide avec la mention « Natural cosmetics ». Sur la liste des acheteurs, on retrouve des dizaines de Français. Une trentaine sont déjà décédés. Dans l’ensemble, il s’agit de personnes âgées ou gravement malades, ayant occupé des professions intellectuelles. Une enquête judiciaire révèle alors le rôle d’accompagnant d’adhérents de l’association Ultime Liberté, entre 2018 et 2020.

L’avocat de la majorité des prévenus espère que cette audience sera l’occasion de sensibiliser l’opinion aux problématiques de la fin de vie, et ce, à moins d’un mois de l’examen de deux textes au Sénat.

Un procès pour sensibiliser l’opinion publique

En s’attaquant à un tabou, « cette audience est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique aux problématiques de la fin de vie », a déclaré à l’AFP Me Arnaud Lévy-Soussan, avocat de la majorité des prévenus, pour beaucoup, des enseignants retraités, au casier judiciaire vierge.

Très clivant, le combat d’Ultime Liberté va au-delà de la revendication des associations pro-euthanasie traditionnelles d’un « droit à l’aide à mourir » pour les patients en fin de vie et en grande souffrance, un brûlant sujet de bioéthique qui a fait l’objet d’une nouvelle proposition de loi votée en première lecture à l’Assemblée nationale en mai.

« Le suicide est dépénalisé depuis la Révolution, mais il y a de nombreuses lois qui empêchent la liberté du suicide, le suicide non violent », a estimé auprès de l’AFP Claude Hury, présidente d’Ultime Liberté et prévenue centrale du procès parisien. « Notre objectif n’est pas de faire mourir les gens. C’est de les aider à continuer dans l’avancée de l’âge tout en étant très serein par rapport à la fin, à condition d’avoir cette pilule magique chez soi pour pouvoir arrêter au moment où on le décide, et non pas attendre le diktat médical », affirme-t-elle.