Son corps tout entier porte encore les stigmates de nombreuses blessures non soignées. Une fracture du nez, qui le fait moucher du sang chaque matin. Une autre de la main droite, qui provoque des craquements à chaque mouvement du poignet. D’autres encore au niveau de la mâchoire, responsables de la perte de cinq dents. Rémi (1), 48 ans, qui préfère conserver l’anonymat par crainte des représailles, souffre aussi d’une épaule longtemps déboîtée, d’une double hernie inguinale, de violentes douleurs articulaires et lombaires, de troubles digestifs et ophtalmologiques. Et surtout d’un très lourd stress post-traumatique lié aux actes de torture et de barbarie qu’il a subis en Chine, où il a été détenu deux ans et quatre mois dans des conditions terrifiantes. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour trafic de drogue à l’issue d’un simulacre de procès, il a finalement été acquitté avant d’être sommé de quitter le pays, dépouillé de tous ses biens.
La première fois que Rémi débarque à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, en mars 2022, le médecin des urgences constate ses multiples traumatismes corporels et psychologiques. Depuis, le Français a subi de nombreuses opérations chirurgicales et enchaîne les hospitalisations. En mars 2025, une expertise judiciaire confirme que la plupart de ses symptômes sont directement «imputables» à ses conditions de détention. Dans son rapport d’une quarantaine de pages, que Libération a pu consulter, l’expert met en av