Le collectif des «défenseurs de Lyon» a manifesté ce lundi pour soutenir les gérants de la charcuterie Bonnard, fondée en 1950, et dont la pérennité est menacée. Tous pointent du doigt la mise en place d’une zone à trafic limité par la majorité écologiste locale.

Depuis plusieurs mois et la fermeture à la circulation de la rue Grenette, la charcuterie Bonnard, fondée en 1850 a vu son chiffre d’affaires dégringoler. «-30% depuis mai», précise Françoise Vérot, la cogérante des lieux. Aussi pour protester contre la zone à trafic limité (ZTL), mise en place en juin dernier et qui a conduit à la fermeture de la rue Grenette, et pour soutenir la charcuterie, le collectif les «défenseurs de Lyon» a manifesté ce lundi matin devant l’établissement. Derrière leur banderole et en chantant «Bonnard, Bonnard, Bonnard», ces commerçants ont manifesté pour «défendre un commerce essentiel à la ville. Bonnard c’est la tradition et la mémoire de Lyon», a déclaré Christophe Cédat, l’un des porte-parole du collectif.

Très émue par cette démonstration de soutien, Françoise Vérot a admis que son établissement «était dans une situation très compliquée». Et pointé du doigt la «fermeture de la Presqu’île mise en place par les écologistes». «Beaucoup de personnes venaient de l’extérieur de Lyon le vendredi et le samedi. Aujourd’hui vu la circulation et le prix des parkings les gens ne passent plus», déplore la commerçante qui espère revoir la circulation revenir rue Grenette.


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Des soutiens politiques, à droite et à gauche

À six mois des élections municipales, de nombreux élus d’opposition se sont joints à la manifestation de soutien ce lundi. Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement et Béatrice de Montille, conseillère municipale LR, tous deux soutien de Jean-Michel Aulas. Mais aussi Véronique Sarselli, candidate LR à la présidence de la métropole ou encore Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest. «Je suis venue soutenir des gens courageux qui se battent contre la fermeture de Lyon qui est catastrophique», a déclaré Véronique Sarselli qui promet déjà «de rouvrir la ville et la rue Grenette», en cas d’élection.

À gauche, seule Nathalie Perrin-Gilbert, ancienne adjointe de Grégory Doucet et candidate aux municipales en 2026, est venue soutenir les commerçants. «Ce qui se joue aujourd’hui n’est ni un sujet de droite ou de gauche, c’est le sujet de la ville et de ce qu’elle va devenir. On ne peut pas se prétendre capitale de la gastronomie et laisser mourir des enseignes comme celle-ci», déplore l’ancienne maire du 1er arrondissement.

Un impact positif de la ZTL selon la majorité écologiste

De son côté, la métropole de Lyon, à l’origine de la ZTL, a toujours soutenu que ses conséquences seront positives pour le territoire. «Toutes les études d’impacts réalisées en Europe sur ces zones à trafic limité montrent que les taux de vacance des commerces baissent et que cela favorise l’activité locale et augmente les chiffres d’affaires», assurait au printemps 2024 Émeline Baume, vice-présidente chargée de l’Économie à la métropole de Lyon.

«La force de la Presqu’île c’est qu’il y a en réalité plusieurs Presqu’îles. On a des indépendants, des créateurs, des coins de vie nocturne, des coins de mass market, des coins de visite de patrimoine etc.. Notre responsabilité est de garantir cette mixité d’activités. Et oui, il y a des travaux qui sont désagréables, mais dans quelques mois, ce secteur sera rafraîchi, sécurisé et divers, et alors tout le monde va s’y retrouver. Autant petits que gros», poursuivait l’élue écologiste. Quelques mois après, les commerçants de la Presqu’île ne sont visiblement toujours pas convaincus.