En réponse à l’escalade militaire à Gaza, le Royaume-Uni exclura les ressortissants israéliens des futures sessions de l’une de ses plus prestigieuses académies militaires. Une décision inédite qui alimente les tensions diplomatiques entre Londres et Tel-Aviv.
Le prestigieux Royal College of Defence Studies (RCDS) n’accueillera plus de ressortissants israéliens dans ses rangs à partir de 2026. Une mesure rare, annoncée cette semaine par le ministère britannique de la Défense, qui marque un tournant dans les relations entre le Royaume-Uni et l’État hébreu, dans un contexte de guerre prolongée à Gaza.
Placée sous tutelle du ministère de la Défense, cette institution, fondée en 1941 à l’initiative de Winston Churchill, accueille chaque année quelque 110 haut gradés et fonctionnaires venus du monde entier. Son programme de troisième cycle, axé sur les grands enjeux géopolitiques contemporains, constitue un pilier de la formation stratégique des élites militaires internationales.
Un « acte discriminatoire »
Dans un communiqué, le ministère de la Défense (MoD) a précisé que la suspension concernera uniquement les prochaines promotions. Les candidats israéliens déjà admis pourront, eux, achever leur formation. Le MoD rappelle également que les cursus du RCDS « mettent l’accent sur le respect du droit international humanitaire » et s’adressent à un public international. Mais le ton se fait plus ferme lorsqu’il évoque la situation à Gaza : « La décision du gouvernement israélien d’intensifier encore ses opérations militaires est une erreur. Il faut un cessez-le-feu immédiat, le retour des otages et un accès humanitaire renforcé pour la population civile. »
Côté israélien, les critiques ne se sont pas fait attendre. Amir Baram, directeur général du ministère israélien de la Défense — et ancien élève du RCDS — a adressé une lettre au ministère de la Défense, révélée par The Telegraph, dans laquelle il qualifie cette mesure d’ « acte discriminatoire » et de « trahison envers un allié en guerre ». Il y voit même « un acte d’autodestruction de la sécurité britannique », soulignant le rôle d’Israël dans la sécurisation des routes maritimes contre les attaques des Houthis, la lutte contre la prolifération nucléaire, et les efforts pour libérer les otages toujours détenus par le Hamas.
Une série d’actions visant Israël
Cette exclusion intervient alors que les relations entre Londres et Tel-Aviv traversent une phase de crispation. Le gouvernement britannique a récemment suspendu certaines licences d’exportation d’armes vers Israël, notamment celles pouvant être utilisées à Gaza. Des responsables israéliens ont également été exclus du principal salon de défense britannique, où 51 entreprises israéliennes, dont Elbit Systems, étaient pourtant représentées.
Une succession d’évènement qui n’a pas manqué de faire réagir Benyamin Netanyahou. Le premier ministre a qualifié ces décisions de « honteuses », estimant qu’elles « encouragent le Hamas » et affaiblissent la lutte contre « l’axe terroriste Iran-Hamas ». Il a défendu la position israélienne comme une réponse nécessaire face à des menaces existentielles, affirmant que l’Histoire jugera favorablement la détermination de son pays à défendre « la civilisation commune ». Une prise de distance assumée, qui entérine un tournant dans la posture britannique vis-à-vis de son allié israélien.