L’institution a revu à la hausse sa prévision pour cette année, la faisant passer de 0,6 % à 0,7 %. Elle anticipe en revanche un léger affaissement de ses prévisions pour 2026 et 2027, en raison de l’incertitude entourant le budget.
Avis aux adeptes du moindre effort : l’économie nationale ne se portera pas mieux avec un budget aux ambitions réduites. Tel est le message sous-jacent de la Banque de France, qui présentait ce lundi ses projections intermédiaires pour 2025 et les années suivantes. « Une moindre consolidation budgétaire n’entraînerait pas pour autant un surcroît de croissance, car l’incertitude fiscale prolongée se traduirait par des comportements plus attentistes des ménages et des entreprises », peut-on lire.
Une mise en garde qui intervient alors que Sébastien Lecornu a été chargé de trouver un compromis avec les socialistes pour échapper à la censure et faire adopter un budget pour 2026. Ce qui supposerait, de l’avis de l’ensemble des prévisionnistes, des économies révisées de moitié par rapport aux 44 milliards initialement visés par François Bayrou, ainsi que des concessions sur des hausses d’impôts sur les hauts patrimoines. Une piste soutenue par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau : «des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines seraient justifiées» afin que l’effort de redressement soit «ressenti comme juste», a-t-il indiqué ce lundi dans un entretien au Parisien.
Malgré une vie politique chaotique et un climat économique morose, la croissance résiste tant bien que mal. La Banque de France a revu à la hausse sa prévision pour cette année, la faisant passer de 0,6 % à 0,7 % (contre 1,2 % dans la zone euro). Un peu moins que ce qu’anticipe l’Insee, qui a réévalué la sienne la semaine dernière, de 0,6 % également, à 0,8 %. Mais à ces niveaux-là, « on est dans l’épaisseur du trait », estime Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France. Cette amélioration est due à un « effet d’acquis » au deuxième trimestre supérieur à ce qui était auparavant attendu. Après une accumulation de stocks qui avait amélioré la croissance à 0,3 %, et dont on ignorait s’ils seraient écoulés, un « mouvement de déstockage » couplé à un net rebond des exportations a suivi dès le troisième trimestre. « Si l’on devait comparer la France à une personne, nous pourrions dire que le moral ne va pas bien, mais que le physique tient malgré tout », résume le gouverneur François Villeroy de Galhau dans Le Parisien.
Ensuite l’activité économique progresserait, mais plus mollement qu’attendu en juin dernier : 0,9 % en 2026, 1,1 % en 2027, non loin de la moyenne européenne qui se situerait à 1 % en 2026 et 1,3 % en 2027. Un ajustement dû au contexte national incertain. La Banque de France se fonde aussi sur des hypothèses internationales « plus défavorables », en raison d’un taux de change de l’euro et d’un prix du pétrole plus élevés, ainsi que d’une demande externe moindre.
Le moteur principal de ce regain de croissance annoncé n’est autre que la consommation des ménages, dont le retour, trimestre après trimestre, se fait cruellement attendre. Après un creux en 2025, dû à une hausse des achats de voitures fin 2024 par anticipation du changement du dispositif de bonus-malus, ainsi qu’à une consommation d’énergie plus faible en raison de températures clémentes, « la consommation et l’investissement des entreprises resteraient freinés au tournant de l’année 2026 par les incertitudes sur la politique budgétaire mais se raffermiraient ensuite ». Selon la Banque de France, les conditions seraient alors réunies. L’inflation, qui était encore à 2,4 % en 2024, devrait s’établir à 1 % cette année, avant de se stabiliser à 1,8 % en 2027, non loin de la cible de 2 % de la BCE. Les gains de pouvoir d’achat des salaires seraient encore dynamiques. Le chômage, à 7,5 % en 2025, atteindrait son pic en 2026, à 7,6 %, avant d’entamer sa décrue. Un climat propice qui devrait inciter les Français à puiser dans leur épargne, qui a atteint le taux record de 18,9 % au deuxième trimestre. L’investissement des ménages a d’ailleurs entamé sa reprise, observe la Banque de France.