Le rapport de la Cour des comptes, rendu public ce lundi 15 septembre, vient relancer le débat de la gratuité des transports, en prenant Montpellier en exemple pour dénoncer les limites de la mesure.

La Cour des comptes a dénoncé, ce lundi 15 septembre, les effets négatifs de la gratuité des transports, dans un rapport sur « la contribution des usagers au financement des transports collectifs ». Pour l’institution, cette mesure dans les grandes agglomérations n’encouragerait pas suffisamment les automobilistes à délaisser leur voiture, et ferait courir un risque aux finances publiques. Pour tirer ses conclusions, l’institution s’est notamment appuyée sur un sondage mené en juin 2024 auprès de 11 000 usagers des transports Tam, à Montpellier et dans sa métropole.

Que reproche la Cour des comptes ?

Sans surprise, le premier grief est financier. Les magistrats craignent en effet qu’à moyen terme, la gratuité prive les collectivités de la capacité de financer correctement l’entretien et surtout l’extension des installations. Et s’inquiètent que ce poids qui pèse sur le budget local ne soit supporté « par le contribuable, au profit de l’usage ». Ils dénoncent également le risque de baisse de la qualité de service et de surfréquentation, qui pourrait décourager certains usagers.

Mais la Cour des comptes va plus loin, et met en doute les effets positifs de la gratuité sur les habitudes de déplacement. « S’agissant du report modal, la gratuité a incontestablement et naturellement augmenté la fréquentation, mais principalement dans les centres urbains pour des déplacements de courtes distances », précise le rapport. Selon son sondage montpelliérain, seuls 33 % des nouveaux usagers ont utilisé les transports en commun gratuits pour supprimer un trajet en voiture ou à deux roues, quand 39 % l’utilisent à la place d’un déplacement à pied ou à vélo.

Michaël Delafosse défend un « choix politique »

Des conclusions qui ne remettent pas en question un « choix politique » assumé par Michaël Delafosse. « Je déplore l’approche comptable et loin de la réalité du magistrat qui a conduit l’enquête. La Cour remet en cause un choix démocratique formulé devant les citoyens et adopté par le conseil de métropole. Elle promeut une écologie punitive et propose de sanctionner les collectivités qui font le choix d’accompagner leurs habitants dans l’indispensable transition écologique. »

Pour le maire de Montpellier et président de la Métropole, le rapport comporte de nombreuses « inexactitudes », notamment sur la hausse de fréquentation et la complémentarité avec les déplacements à vélo, et ses données pourraient être rapidement contredites par une enquête Mobility Metrix dont les conclusions sont attendues en octobre. « La Cour des comptes pointait du doigt la qualité de l’air dans un autre rapport, elle ne relève pas les améliorations sur le territoire de la Métropole. Elle indique que la gratuité se fait au détriment de l’investissement, nous avons multiplié par 2,4 l’investissement en faveur des transports… »

L’opposition confortée dans ses critiques

Autre vision du côté des opposants à la gratuité des transports, « telle qu’elle a été imaginée à Montpellier ». « Ce rapport vient confirmer tout ce que nous dénonçons depuis des mois, indique la conseillère métropolitaine d’opposition Alenka Doulain. C’est terrible, cette gratuité la plus bête de France va servir de contre référence pour toutes les autres villes. Car avant la gratuité, le vrai travail sur le transport en commun doit porter sur les fréquences et les projets à venir pour offrir une alternative à la voiture pour tous et pas uniquement aux habitants du centre de Montpellier… La gratuité, et la ligne 5 du Tram qui était prévue depuis longtemps, c’est de la communication mais le bilan des transports en commun n’est pas bon. »

Même son de cloche de l’autre côté de l’échiquier politique. « Je suis conforté dans mon positionnement, et dans l’idée que rien n’est vraiment gratuit, confie la ministre et opposante à la Métropole Patricia Miralles. La gratuité se paie toujours avec les impôts des autres. Je demande à Michaël Delafosse qu’il nous prenne enfin au sérieux, et qu’il se concentre sur les vrais enjeux quand les transports circulent moins et que le service se dégrade ! »