Publié : 20h38 – Modifié : 20h42 Dolorès CHARLES
C’est l’un des plus grands salons agricoles professionnels en Europe : le Space ouvre ses portes ce mardi (16 septembre), au parc expo de Rennes. Avec des animaux, mais moins nombreux que prévu.
Les maladies qui circulent en ce moment dans les élevages rendent l’exercice délicat pour ce SPACE 2025 : qui démarre ce mardi. Les concours sont maintenus, mais avec un protocole sanitaire très strict. Si les vaches et les taureaux seront moins nombreux, pour cause d’épizooties, ce ne sera pas le cas des exposants : ils seront 1230, dont 371 étrangers, venus de 40 pays.
Les chinois en force au SPACE
Un nouveau record pour le salon rennais. Les Chinois seront beaucoup plus visibles : ils seront 23, cette année, deux fois plus que l’an dernier, ce qui a surpris Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du salon et « ils viennent avec des solutions pour toutes les filières, principalement les filières porc et volaille, mais ils viennent avec des solutions de nutrition. Auparavant, ils avaient beaucoup plus de mal à être homologués pour venir sur le salon par les autorités sanitaires. Là, ils ont des produits qui correspondent à la législation en vigueur en Europe et en France en particulier. Ils viennent aussi avec beaucoup d’équipements pour les éleveurs.
On sait qu’on pourrait en avoir encore davantage si on avait plus de place pour les accueillir parce qu’il y a régulièrement des agences qui représentent des entreprises et qui nous disent qu’ils ont identifié le SPACE comme étant un salon porteur pour eux. »
Anne-Marie Quéméner, Commissaire générale du salon Anne-Marie Quéméner, Commissaire générale du salon
Crédit : Yann Launay
Quand on connaît la force de frappe commerciale de l’industrie chinoise, les entreprises françaises et européennes n’ont-elles pas du souci à se faire ? « Les éleveurs feront leur choix. On a chez nous des entreprises qui sont très performantes en matière d’innovation pour tout ce qui est équipement, pilotage des exploitations, pour tout qui est nutrition et à trait à la sécurité sanitaire.
Je pense que justement, ces entreprises qu’on voit le plus à l’international sont celles qui innovent le plus, finalement face à cette percée des Chinois sur nos marchés. L’inovation est aussi portée par le savoir-faire de nos éleveurs, on peut se dire qu’on aura toujours un temps d’avance par rapport à eux. C’est certainement une façon de se démarquer parce que sinon la concurrence même intra-européenne existe déjà beaucoup sur le champ des équipements et des bâtiments d’élevage. »
L’innovation et l’IA à l’honneur
L’innovation sera tout particulièrement à l’honneur, pour cette 39ème édition, avec des démonstrations, des débats et des tables-rondes sur l’intelligence artificielle. Pour Didier Lucas, éleveur à Saint-Alban, dans les Côtes d’Armor, et président du Space, l’IA sera un tournant technique pour l’agriculture.
« L’œil de l’éleveur restera important, mais ça peut l’aider à détecter plus rapidement les comportements des animaux et peut-être des maladies et de fait à avoir ensuite moins de traitement et changer ses pratiques dans les bâtiments ou dans les cultures de façon à utiliser beaucoup moins de produits, et avoir une efficience économique plus importante demain. »
Didier Lucas, éleveur breton et président du SPACEDidier Lucas, éleveur breton et président du SPACE
Les innovations techniques présentées au SPACE et particulièrement l’utilisation de l’intelligence artificielle, devraient faciliter le travail des éleveurs, et peut-être conforter leurs revenus.
La relève n’est pas forcément garantie
Encore faut-il qu’il reste des éleveurs, dans l’Ouest : des vagues de départs en retraite s’annoncent, et la relève n’est pas garantie, comme le reconnaît Laurent Kerlir, éleveur laitier du Morbihan, et président de la Chambre d’agriculture de Bretagne. « On a beaucoup d’exploitation à transmettre, et on manque de candidats. Le côté positif, c’est que quand on regarde ce qui se passe dans nos enseignements agricoles, privés ou publics, les écoles sont plutôt bien remplies.
On espère qu’il y aura un regain d’intérêt pour la production, d’autant plus que la Bretagne est sans doute la région qui a le plus d’atouts pour continuer à faire de l’élevage. On a l’élevage qui alimente le sol et inversement, ce que les autres régions françaises n’ont plus : ils n’ont plus d’élevage, ils ont des zones beaucoup plus sèches que nous. »
Laurent Kerlir, éleveur laitier du MorbihanLaurent Kerlir, éleveur laitier du Morbihan
Le Space (Salon des Productions Animales – Carrefour européen) démarre ce mardi (16 septembre) et se poursuivra jusqu’à jeudi (18 sept), au parc expo de Rennes. Environ 100 000 visiteurs sont attendus.