Un accord-cadre a été conclu entre la Chine et les États-Unis concernant la propriété de la populaire plateforme de vidéo sociale TikTok, a déclaré le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, à l’issue de négociations commerciales tenues ce week-end en Espagne.
Selon une conférence de presse tenue à Madrid après la conclusion du dernier cycle de négociations commerciales entre les deux premières économies mondiales, M. Bessent a indiqué que le président américain, Donald Trump, et le premier ministre chinois, Xi Jinping, s’entretiendraient vendredi pour éventuellement finaliser l’accord. Il a précisé que l’objectif de l’accord serait de transférer la propriété de TikTok à des intérêts américains.
«Nous n’allons pas discuter des modalités commerciales de l’accord, a déclaré M. Bessent. Il s’agit d’un accord entre deux parties privées. Mais les termes ont été convenus.»
Li Chenggang, représentant chinois au commerce international, a indiqué que les deux parties étaient parvenues à un «consensus cadre de base» pour résoudre efficacement les problèmes liés à TikTok de manière coopérative, réduire les obstacles à l’investissement et promouvoir la coopération économique et commerciale, selon l’agence de presse officielle chinoise, Xinhua.
M. Li a ajouté que les deux parties avaient eu des discussions «franches et approfondies» sur TikTok et les sujets de préoccupation de la Chine.
La réunion de Madrid marque le quatrième cycle de négociations commerciales entre les responsables américains et chinois depuis que Donald Trump a lancé une guerre commerciale contre les produits chinois en avril. Un cinquième cycle de négociations devrait avoir lieu «dans les prochaines semaines», a précisé Scott Bessent, les deux gouvernements prévoyant un éventuel sommet entre MM. Trump et Xi plus tard cette année ou au début de l’année prochaine, afin de consolider un accord commercial.
Cependant, rien n’a été confirmé, et les analystes estiment que d’éventuels obstacles commerciaux pourraient retarder la visite.
Les responsables chinois ne se sont pas immédiatement adressés aux médias après les discussions de Madrid, mais le vice-premier ministre chinois He Lifeng, qui dirigeait la délégation chinoise, a été vu souriant à sa sortie.
Sous la présidence démocrate de Joe Biden, le Congrès et la Maison-Blanche ont invoqué des motifs de sécurité nationale pour approuver une interdiction américaine de TikTok, à moins que sa société mère, ByteDance, ne vende sa participation majoritaire.
Donald Trump, un républicain, a prolongé à plusieurs reprises le délai de fermeture de TikTok, bien que la loi ne prévoie qu’un seul sursis de 90 jours, uniquement si un accord est sur la table et si le Congrès est officiellement informé.
La prolongation actuelle expire mercredi, deux jours avant la date prévue pour la discussion entre Donald Trump et Xi Jinping sur les derniers détails de l’accord-cadre. Bien que le président américain n’ait pas directement évoqué cette échéance, il a affirmé pouvoir reporter l’interdiction indéfiniment.
TikTok est l’une des plus de 100 applications conçues au cours de la dernière décennie par ByteDance, une entreprise technologique fondée en 2012 par l’entrepreneur chinois Zhang Yiming et dont le siège social est situé dans le district de Haidian, au nord-ouest de Pékin.
En 2016, ByteDance a lancé une plateforme de vidéos courtes appelée Douyin en Chine, puis une version internationale appelée TikTok. Elle a ensuite racheté Musical.ly, une plateforme de synchronisation labiale très populaire auprès des adolescents aux États-Unis et en Europe, et l’a combinée avec TikTok.
Peu après, l’application a connu un essor fulgurant aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, devenant la première plateforme chinoise à s’imposer sérieusement en Occident.
Contrairement aux autres réseaux sociaux, qui se concentraient sur le développement des relations entre les utilisateurs, TikTok adaptait son contenu aux intérêts des gens.
Les vidéos et clips musicaux souvent loufoques publiés par les créateurs de contenu ont donné à TikTok la réputation d’être un endroit où les utilisateurs pouvaient trouver du plaisir et un sentiment d’authenticité.
TikTok a gagné en popularité pendant les confinements liés à la pandémie de COVID-19, portée par les courtes danses qui sont devenues virales.
Pour mieux rivaliser, Instagram et YouTube ont à leur tour lancé leurs propres outils de création de vidéos courtes, respectivement appelés Reels et Shorts. À ce moment, TikTok connaissait déjà un succès considérable.
Le succès de TikTok s’est accompagné de défis. Les responsables américains ont exprimé leurs inquiétudes quant aux origines et à la propriété de la plateforme, soulignant les lois chinoises qui obligent les entreprises chinoises à transmettre les données demandées par le gouvernement.
Une autre préoccupation concernait l’algorithme propriétaire qui détermine ce que les utilisateurs voient sur l’application.
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Josh Boak a écrit depuis Washington. Les journalistes de l’Associated Press Didi Tang et Mark Sherman, à Washington, ont contribué à cette dépêche.
Josh Boak et Suman Naishadham, The Associated Press