Les socialistes locaux aussi ont leur mot à dire. En cette amorce de campagne municipale, ils se fendent d’une « plateforme programmatique », soit 47 pages fraîchement versées au pot commun de la réflexion de Pierre Hurmic, maire sortant et très probable candidat à sa réélection. « Nul doute qu’il verra ça d’un bon œil », veut croire Mathieu Hazouard, adjoint au maire PS en charge des sports, « comptable » assumé de la mandature qui s’achève avec les cinq autres élus PS de la majorité, dont deux maires de quartiers.

Si « la trajectoire du pouvoir de vivre », titre donné au fascicule, sonne comme un roman d’Amélie Nothomb, le PS s’emploie ici à décliner un leitmotiv. « Il nous a fallu réparer la ville. Il y a la volonté de se projeter dans la façon dont on vit la ville. Après la ville, les gens », résume Pascale Bousquet-Pitt, maire adjointe du quartier Caudéran. « On s’est vraiment attaché à la vie des Bordelais plus qu’à la ville en tant qu’urbanisme », abonde Florence Lamarque, militante socialiste.

« Universalisme républicain »

Premier thème ici abordé, le consensuel « vivre ensemble ». « Objectif : sortir le vivre-ensemble de l’abstraction », est-il écrit plus loin. Outre une batterie de mesures de reconquête (maillage en « maisons de la parentalité », « médiateurs sociaux », « lieux d’écoute dans les quartiers » ou encore « soutien ciblé aux petites associations locales »), le PS fait entendre sa petite musique à travers la proposition inattendue de création d’un « observatoire municipal de la laïcité ».

Charge à celui-ci de formuler, tous les ans, des « recommandations pour prévenir les tensions et renforcer le dialogue ». « La France se communautarise, s’individualise, s’identitarise », note Pascale Bousquet-Pitt, opposant le tout à « l’universalisme républicain » du PS. « Ce qu’on veut, c’est le réancrer. Cet observatoire, c’est un lieu de vie, de débat et de cohésion sociale. »

Sécurité

À défaut d’être exhaustive, Florence Lamarque enchaîne avec « l’aménagement du territoire », en poussant plus le loin le curseur de « la Rue aux enfants » instaurée devant les écoles pour expérimenter « la Rue pour tous les âges » au nom de la solidarité et de la mixité générationnelle. Et pourquoi pas, sur demande, « des mobilités décarbonées » du dernier kilomètre, type rosalie électrique, pour rallier un arrêt de bus ou aller chez le médecin ?

“Il y a la volonté de se projeter dans la façon dont on vit la ville”

Au chapitre santé, le PS lance l’idée d’un réseau de sentinelles de la santé mentale, éventuellement en formant, à l’échelle d’un quartier, « commerçants et agents municipaux pour détecter les signaux de détresse » avec ligne municipale dédiée. Le développement économique s’appuierait sur la création d’un office municipal du commerce, d’ores et déjà sur les rails. « Les bonnes idées sont faites pour être partagées », sourit Baptiste Maurin, adjoint au maire en charge du patrimoine.

Les élus socialistes prônent une ville « apaisée » mais, exception faite d’une « réflexion sur l’éclairage public et la vidéosurveillance », n’abordent pas ici les problématiques de sécurité ou de propreté, contrairement aux candidats du centre-droit. « La sécurité est en tête des préoccupations des Français », reprend Mathieu Hazouard. « Et nous y avons participé, peut-être un peu plus que certains à travers des sujets comme le doublement de la police municipale ou l’armement en cours d’une brigade. »