Alors que l’automne se profile, c’est toujours le même petit jeu de cache-cache. Les organisateurs du Tour de France veulent garder l’effet de surprise de la présentation officielle (elle aura lieu cette année le 23 octobre) et les responsables des collectivités concernées, mis dans la confidence quelques mois plus tôt, sont priés de garder le silence, tout en commençant à organiser les choses.

Mais selon nos informations, le vendredi 10 juillet prochain, le Tour de France fera son retour à Bordeaux. Le port de la Lune accueillera une nouvelle arrivée, probablement sur les quais, comme en 2023, où le Belge Jasper Philipsen s’était montré plus rapide que Mark Cavendish, au terme d’un sprint massif de toute beauté devant la Place des Quinconces. Cette année-là, les coureurs étaient arrivés de Mont-de-Marsan, avant de repartir le lendemain de Libourne. Pour l’instant, la provenance des coureurs n’a pas encore filtré, mais il semble acquis que le peloton remontera du sud (les Landes ? Le Béarn ?) après un passage pyrénéen précoce et un grand départ de Barcelone le samedi 4 juillet.

83e passage

Comme souvent, au grand regret de Thierry Gouvenou, en charge du tracé, à moins d’un contre-la-montre, il sera difficile de proposer un autre scénario qu’un sprint classique. Les côtes de l’Entre-Deux-Mers sont trop éloignées de l’arrivée et celles de Bouliac, Floirac ou Cenon, n’offrent pas les conditions de sécurité idéales pour une arrivée du Tour de France. En revanche, le pont Simone-Veil de Floirac, qui n’était pas encore en service en juillet 2023, pourrait être utilisé et offrir des images spectaculaires à l’approche de l’arrivée.

Le Tour à Bordeaux, c’est une très vieille habitude : en 2026, il s’agira en effet de la 83e visite de l’épreuve. Mais avec ce nouveau passage, seulement trois ans après le précédent, c’est aussi la confirmation d’un lien renoué après une longue absence. Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, a toujours assumé sa sympathie pour la Grande Boucle. À peine élu, en 2020, il n’avait pas réussi à obtenir gain de cause pour l’édition 2021, plombé par les polémiques avec d’autres maires écolos (à Lyon et Grenoble notamment) et par des retards dans la confirmation de la candidature bordelaise. Il avait profité d’une étape à Libourne pour aller plaider sa cause lui-même auprès de Christian Prudhomme, le patron de la course.

Liesse populaire

Aujourd’hui, s’il refuse de confirmer l’information, Pierre Hurmic ne cache pas son enthousiasme à l’idée de cette perspective : « Je pense que la décision est prise et ce n’est pas à moi de la dévoiler, mais dans la mesure où j’ai postulé, je peux dire que je serais très content que le Tour revienne à Bordeaux. Surtout que je me souviens fort bien du résultat de l’été 2023, quand le Tour est revenu à Bordeaux après treize ans d’absence. J’ai un souvenir assez fort de cette liesse populaire dans les rues de Bordeaux. Si vous saviez le nombre de gens, entre les quais et la mairie, qui m’ont arrêté pour me dire « merci M. le Maire »… À partir de là, mon seul souci a été de faire en sorte que le Tour revienne. Je ne bouderais pas mon plaisir, si tel était le cas. »

Ça le sera, et ce ne sera pas la seule étape dans la région. Les Pyrénées, comme toujours, seront de la partie, et Pau en sera probablement au cœur. Selon nos informations, une étape inédite pourrait ainsi partir de Pau pour arriver à Gavarnie, au pied du cirque classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Un peu plus tard, le samedi 11 juillet, la Dordogne sera à l’honneur avec une étape 100 % périgordine. Le président du Conseil départemental Germinal Peiro l’a fièrement annoncé. Mais ce lundi encore, il refusait d’en donner les sites d’arrivée et de départ : « je laisse la primeur à Christian Prudhomme ». Bergerac et Périgueux semblent toujours tenir la corde pour un départ et une arrivée, mais cette étape carte postale devrait faire la part belle à quelques hauts lieux touristiques : Monpazier, le château de Biron ou les grottes de Montignac-Lascaux pourraient être de la partie…

Barcelone menacée ?
Le Tour de France 2026 s’élancera-t-il vraiment de Barcelone ? Alors que le Tour d’Espagne vient de s’achever dans le chaos après des manifestations pro-palestiniennes quasi quotidiennes contre l’équipe Israel PT, la question se pose. ASO (Amaury Sport Organisation), société organisatrice du Tour, ne s’est pas encore exprimée sur le sujet. Mais la forte influence indépendantiste de gauche en Catalogne et les difficultés qu’ont rencontrées les autorités espagnoles à maintenir la sécurité sur la Vuelta ne sont pas de nature à rassurer les organisateurs du Tour de France, une épreuve susceptible d’offrir une caisse de résonance immense à d’éventuels manifestants…