Les amateurs de sport et de patrimoine peuvent bloquer la soirée du mardi 16 septembre au Mégarama de Bordeaux-Bastide (20 heures) ou celle du jeudi 18 sur la chaîne France 3 Nouvelle-Aquitaine (22 h 45). Le documentaire « De Lescure à Chaban, histoire d’un stade » sera visible à ces deux occasions. Ce film de 52 minutes revient sur plus d’un siècle de football ou de rugby, et sur tout un pan d’histoire locale. Explications avec Eric Michaud et Guillaume Peres, respectivement réalisateur et producteur.
Eric Michaud (à gauche) et Guillaume Peres : « Ce stade est une affaire de famille. Le père y venait déjà avec le grand-père quand il était enfant, et maintenant il y amène son fils. »
Ch. L.
Comment est né le projet de ce film ?
Guillaume Peres. Lors du match de gala pour les 100 ans du Parc Lescure, en 2024, on nous a fait remarquer qu’il n’y avait pas de documentaire qui racontait l’histoire de ce lieu. Or, nous-mêmes on en avait plein de souvenirs depuis notre enfance.
Eric Michaud. C’est un stade dont l’histoire touche énormément de monde : des spectateurs qui y ont suivi des événements sportifs, des anciens joueurs, des cyclistes qui ont parcouru cette piste… On s’est appuyés sur tous ces gens pour recueillir des témoignages et des images, en plus de celles qui nous ont été fournies par l’INA, Pathé et « Sud Ouest ».
Bordeaux-Lille, le 12 février 1950. À l’époque, la plupart des supporters suivaient les matchs debout, au plus près des joueurs.
Archives « Sud Ouest »
C’est comme ça qu’on a pu illustrer le match de football Brésil-Tchécoslovaquie, pour la Coupe du monde 1938, qui a marqué l’inauguration du stade, ou la finale du championnat de France de rugby de 1963, entre Mont-de-Marsan et Dax, la première à opposer deux clubs d’un même département. Par le biais de l’association Préservons Lescure, on a même retrouvé le fils de l’ancien concierge, qui a passé son enfance dans les lieux et qui est intarissable à leur sujet.
André Darrigade, vainqueur de l’étape bordelaise du Tour de France 1964. Avant de vibrer pour le football, le stade Lescure a été une place forte du cyclisme en France.
Presse Sports
Car l’activité de ce stade ne s’est pas limitée au football et au rugby…
E. M. Non, on y a joué au hockey sur gazon, au football américain. On y a organisé des courses de roller, de moto, des épreuves cyclistes. En 1964, le Landais André Darrigade y a remporté une étape historique du Tour de France, sur une piste qu’il connaissait très bien parce qu’il s’y entraînait.
À l’origine, c’était avant tout un vélodrome. Dans les années 1950-1960, on y organisait des après-midis de cyclisme avec plusieurs courses. C’était un sport populaire à la sortie de la guerre, à une époque où la Formule 1 n’existait pas. C’est dans les années 1970 que le football a pris le dessus. Jusqu’à ce qu’on supprime la piste en 1986 pour créer de nouvelles places. Le public des Girondins était de plus en plus nombreux.
Echange de fanions avant le match Bordeaux-Milan AC de 1996 entre les capitaines Bixente Lizarazu et Franco Baresi. Selon le défenseur basque, ce stade a « une âme ».
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Dans le documentaire, Bixente Lizarazu dit que ce stade a « une âme »…
E. M. Sans doute parce que ça a été l’un des premiers à offrir une vue complète sur le terrain, grâce à ses tribunes qui n’avaient pas besoin de piliers. Grâce aussi au fait que c’est une arène, pas un rectangle à l’anglaise. C’est un stade à taille humaine, et c’est l’un des derniers en France à être situés en ville. On peut y venir en bus, en tramway, en vélo, à pied.
Stade municipal, Lescure ou Chaban-Delmas, le lieu est « une arène, pas un rectangle à l’anglaise », souligne Eric Michaud.
Grand Angle Productions
G. P. Et souvent en famille. Le père y venait déjà avec le grand-père quand il était enfant, et maintenant, il y amène son fils. Cette filiation fonctionne d’autant mieux que le lieu a peu changé dans son apparence. Les rénovations ont toujours été menées sans affecter les éléments les plus caractéristiques comme la grande arche. Beaucoup de gens disent « ce match, on le joue à la maison », pas « à domicile ». Ce stade, c’est vraiment leur maison.