Le président américain Donald Trump a officiellement désigné lundi des pays tels que l’Afghanistan, la Bolivie, la Birmanie, la Colombie et le Venezuela parmi ceux que les États-Unis estiment avoir « manifestement échoué » à respecter leurs engagements en matière de lutte antidrogue au cours de l’année écoulée.

Cette décision, qui pourrait avoir un impact sur le financement accordé à ces pays, intervient après que Trump a annoncé que l’armée américaine avait mené une frappe contre un navire vénézuélien soupçonné d’être impliqué dans le trafic de drogue, la deuxième opération de ce type en quelques semaines.

« Je désigne par la présente l’Afghanistan, la Bolivie, la Birmanie, la Colombie et le Venezuela comme ayant manifestement échoué au cours des 12 derniers mois à … respecter leurs obligations dans le cadre des accords internationaux de lutte contre la drogue », a déclaré Trump.

Cette déclaration figure dans une note présidentielle transmise au Congrès américain, qui précise que l’aide des États-Unis à ces pays demeure « vitale » pour ses intérêts.

La culture de coca et la production de cocaïne en Colombie « ont atteint des niveaux record sous la présidence de Gustavo Petro, et ses tentatives infructueuses de négocier avec des groupes narco-terroristes n’ont fait qu’aggraver la crise », affirme le texte.

Arrivé au pouvoir en 2022, Gustavo Petro avait promis des accords avec les groupes armés, mais a changé de stratégie l’an dernier, s’engageant à pacifier les régions productrices de coca par une intervention sociale et militaire massive. Cette approche n’a toutefois apporté que peu de résultats.

Trump a imputé l’échec du contrôle des drogues à la direction politique colombienne, tout en saluant le courage des forces de sécurité du pays.

« Je pourrais reconsidérer cette désignation si le gouvernement colombien prend des mesures plus énergiques pour éradiquer la coca et réduire la production ainsi que le trafic de cocaïne. »

Trump avait déjà menacé de « décertifier » les efforts de Petro en matière de lutte contre la drogue, les jugeant inefficaces. Les parlementaires républicains ont quant à eux exprimé leur soutien à une réduction drastique de l’aide non militaire à la Colombie.

Petro a déploré cette décision, rappelant qu’elle intervenait après la mort de dizaines de policiers, de soldats et de civils colombiens engagés dans la lutte contre le trafic.

« Ce que nous faisons n’a pas vraiment à voir avec le peuple colombien », a-t-il déclaré lors d’un conseil des ministres télévisé.

« Il s’agit plutôt d’empêcher la société américaine de se salir le nez dans sa volonté de travailler, travailler, travailler », a-t-il ajouté, faisant apparemment référence aux effets stimulants de la cocaïne.

L’ambassadeur de Colombie à Washington, Daniel Garcia-Pena, a indiqué la semaine dernière aux journalistes que le financement américain avait déjà été affecté par le démantèlement de l’USAID et que les États-Unis pourraient choisir de couper environ 100 millions de dollars de programmes non axés sur la lutte antidrogue si Trump décidait de décertifier la Colombie.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro « dirige l’un des plus grands réseaux de trafic de cocaïne au monde », a affirmé Trump dans sa déclaration, ajoutant que les États-Unis continueraient de tenter de le traduire en justice.

L’administration Trump a régulièrement accusé Maduro de diriger des organisations de trafic de drogue, des allégations toujours fermement démenties par Caracas, qui accuse en retour Trump de vouloir provoquer un changement de régime par un renforcement militaire dans les Caraïbes.

Le ministère vénézuélien de la Communication n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
(Reportage de Julia Symmes Cobb et Sarah Morland ; édition par Clarence Fernandez)