Dans la course au marketing, les adolescents sont les premières cibles des jeux de paris sportifs en ligne, notamment grâce aux réseaux sociaux. 34 % des joeurs ont entre 18 et 24 ans, selon les chiffres de l’Autorité nationale des jeux.
Les jeunes, en particulier de milieux populaires, sont la cible d’un « marketing agressif » des opérateurs de paris sportifs en ligne, notamment promus par des influenceurs sur les réseaux sociaux, dénonce ce mardi 16 septembre dans un rapport Addictions France, qui demande un encadrement plus strict.
Pendant deux ans, de mars 2023 à mars 2025, l’association a analysé quelque 3.000 contenus (publications, stories, vidéos, lives…) sur des réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Snapchat) et plateformes en ligne (Youtube, Kick, Twitch), un projet financé par le Fonds de lutte contre les addictions.
Au vu des nombreuses « dérives » constatées, en particulier en 2024, année riche en événements sportifs (Euro de football, JO de Paris…) où les opérateurs ont investi un record de 670 millions d’euros en publicité, Addictions France juge « urgent de renforcer la régulation du marketing des jeux d’argent » pour mieux protéger les jeunes de l’addiction.
« Avalanche de notifications quotidiennes »
Car pour « attirer de nouveaux joueurs et fidéliser ceux déjà actifs », les opérateurs – Parions Sport, Winamax, PMU Sports, Betclic, VBET… – ont multiplié publicités et « offres promotionnelles alléchantes » incitant « à rejouer », via une « avalanche de notifications quotidiennes » sur les applications de paris.
Celles-ci « ciblent en priorité » les jeunes hommes – 20% des garçons de 17 ans ont parié dans l’année contre 2,7% des filles – et les « habitants des quartiers populaires », activant certains ressorts psychologiques: « promesse d’enrichissement rapide, valorisation sociale de la prise de risque », a constaté l’association.
Or le régulateur, l’Autorité nationale des jeux (ANJ), peine à contenir cette « explosion des stratégies promotionnelles agressives »: « plus de 80% » des contenus produits par les influenceurs n’affichent pas – ou pas correctement – le message sanitaire requis sur les risques d’addiction, dit-elle.
Asenscion sociale par le jeu
Et près d’une publication d’influenceur en partenariat avec un opérateur sur deux (47%) ne respecte pas les préconisations de l’ANJ, dotée de moyens de contrôle « dérisoires », selon l’association.
De fait, l’ANJ n’a interdit qu’une publicité – elle les contrôle et les retoque aujourd’hui en amont -: la campagne de Winamax « Tout pour la daronne » – qui « glorifiait la réussite sociale grâce aux paris sportifs », ce que le régulateur proscrit -, un an après sa diffusion. Depuis, des slogans comme « Grosse cotes, gros gains, gros respect », qui « suggèrent clairement un ascenseur social par le jeu » prolifèrent, dénonce Addictions France.
L’association demande un encadrement strict du contenu des publicités et l’interdiction des stratégies marketing valorisant les paris, « accompagnée des moyens nécessaires pour lutter contre ces dérives ».
Les jeux d’argent comportent des risques: endettement, dépendance, isolement… Que vous soyez concerné directement ou indirectement par un problème de jeu excessif, vous pouvez joindre Joueurs info service au 09.74.75.13.13, de 8h à 2h, 7 jours sur 7.