À une semaine du début du procès pour chantage présumé à la vidéo intime à la mairie de Saint-Etienne, la rédaction d’ICI Saint-Etienne Loire vous propose une série de portraits des principaux protagonistes. Aujourd’hui, Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne et président en retrait de la Métropole.

Le visage fermé, droit comme i , ce 26 septembre 2022, pendant 5 heures Gaël Perdriau mène les débats du conseil municipal de Saint-Étienne, un mois tout pile après les révélations de Médiapart et l’éclatement de l’affaire dite du chantage à la vidéo. Il ne bronche pas malgré la tension et la nuée de journalistes. Depuis trois ans, c’est la même chose, le maire de Saint-Étienne ne tremble jamais. Ne s’excuse jamais, clamant son innocence. Avenant, sympathique, toujours le sourire aux lèvres, Gaël Perdriau sait aussi se montrer dur, opiniâtre et déterminé.

C’est en 1995 que ce jeune cadre passé par GDF et ERDF entre au conseil municipal de Saint-Étienne comme simple conseiller municipal délégué sous Michel Thiollière. Quand la droite perd la municipalité en 2008 il se retrouve dans l’opposition.

Élu maire en 2014, réélu en 2020

Mais Gaël Perdriau est un ambitieux. Lui qui n’a jamais été ni député, ni conseiller général encore moins élu à la Région, il se voit maire de Saint-Étienne se rappelle le journaliste du Progrès Dominique Goubatian « Pour moi la bascule, c’est 2013. Quand il m’annonce qu’il va être maire de Saint-Étienne alors que personne n’imaginait que Gaël Perdriau serait un jour maire de Saint-Étienne. Même dans son propre camp, personne n’avait misé sur lui. Et c’est lui qui a dit : moi j’en suis capable, je vais le faire. Et c’est vrai que c’est quelqu’un qui est tenace. Quand il a décidé, il va au bout ».

Ambitieux, tenace, il est courageux selon ses proches. « Moi je l’ai vu comme un fou aller dans les salons, aller un peu partout, avec sa valoche, porter son territoire, raconte son premier adjoint Jean Pierre Berger, qui lui est fidèle depuis 2014 envers et contre tout. Lui, il a la capacité à faire partager ses convictions, à faire partager son enthousiasme. C’est un optimiste né. Opiniâtre, il ne lâche rien le bonhomme. Il n’a pas le côté politique de la langue de bois. Il n’est pas dans la demi-mesure, quand il y va, il y va ».

Sans filtre, parfois cassant

Mais ca lui a joué des tours : on se rappelle de sa sortie sur le « diner de cons » après une invitation à l’Elysée, ou quand il reprochait au puissant président de région Laurent Wauquiez de reprendre les propos de Marine Le Pen.

Et puis, Gaël Perdriau peut se montrer dur, cassant avec ses opposants selon la socialiste stéphanoise Isabelle Dumestre : « c’est quelqu’un qui a deux visages. Quand il a besoin de vous, il peut être très agréable et les gens vont dire qu’il a de grandes qualités humaines. Il est capable d’être assez sympathique. Et puis, il y a l’autre visage. Celui auquel vous avez droit si vous le décevez ou que vous le critiquez. Et là il ne va pas se contenter d’essayer de vous prouver qu’il a raison. Il va plus loin. Il essaye de s’en prendre à des éléments de la vie personnelle de ses opposants. On n’est plus des personnes, on est des obstacles ».

Parce qu’il se voit haut, très haut. Après sa réélection à la mairie en 2020, le natif de Cholet se rêve même ministre se souvient Dominique Goubatian « il y a eu une période où on le voyait souvent intervenir dans les médias nationaux, des tribunes dans les journaux nationaux, c’est vrai qu’à une période il a été aux portes du gouvernement. Ça c’est certain ».

Une ambition coupée nette par les révélations de Mediapart en aout 2022 l’éclatement de l’affaire. Depuis même s’il s’en défend, c’est un maire esseulé, pestiféré qui occupe la mairie de Saint-Étienne depuis trois ans.

Gaël Perdriau est renvoyé devant le tribunal de Lyon de chefs de chantage, utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui, complicité de soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique, et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement.