Par

Jessie Leclerc

Publié le

16 sept. 2025 à 8h08

« En quoi la ville est attractive si ses commerces disparaissent ? » C’est le triste questionnement de Franck Vattier-Croissant, gérant de la librairie Le Lotus située dans le quartier Saint-Marc de Rouen (Seine-Maritime). Le 1ᵉʳ septembre 2025, il tirait la sonnette d’alarme via un post sur les réseaux sociaux. Sa librairie est en danger et selon lui, elle est loin d’être le seul commerce dans ce cas dans en ville. Explications.

Résister face aux géants de l’e-commerce

La librairie Le Lotus, spécialisée dans l’ésotérisme et le bien-être, est implanté dans le paysage rouennais depuis plus de 40 ans. Avec autant d’années au compteur, elle a vu la vie commerçante de la ville évoluer. Mais comme beaucoup d’autres librairies indépendantes, elle fait face à une situation économique préoccupante.

« Nous résistons tant bien que mal, mais c’est de la survie », regrette Franck Vattier-Croissant. La faute, selon lui, aux « grandes enseignes comme Cultura ou Amazon qui font beaucoup de mal ». La concurrence de ces plateformes pèse lourd.

Les librairies étaient déclarées commerces essentiels lors de la crise du Covid-19. Je me demande ce qu’il en reste…

Franck Vattier-Croissant
Gérant de la librairie Le Lotus, à Rouen.

Pourtant, comme le rappelle le libraire, la force des petites librairies réside ailleurs : « Le prix du livre est unique depuis 1981. Ici, ce qui fait la différence, ce sont l’accueil, la qualité du conseil et le lien humain avec les clients », insiste le gérant.

Une faiblesse générale chez les commerçants de Rouen ?

La fragilité du Lotus est aussi celle du tissu commercial Rouennais. « Rien que cet été, j’ai vu six boutiques baisser le rideau dans la rue de la République », s’attriste Franck. « Une ville sans commerçants est une ville qui se meurt », alerte-t-il.

Je ne suis pas que Le Lotus, je suis une partie de Rouen.

Franck Vattier-Croissant
Gérant de la librairie Le Lotus, à Rouen.

Il n’est donc pas qu’inquiet pour son commerce, mais pour ceux de son quartier en général.

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Il interpelle les élus

Franck n’annonce pas sa fermeture dans l’immédiat, mais donne l’alerte : « On n’est pas complètement mort, mais la politique de l’autruche, ce n’est pas pour moi. Il faut un sursaut ». D’autres commerces lui auraient fait part de leur détresse : « plusieurs me disent que ça va devenir compliqué. »

Il appelle à une mobilisation collective, tant du côté des clients que des élus locaux. « Je veux provoquer un échange avec nos responsables, dont monsieur Nicolas Mayer-Rossignol, que l’on se mette autour d’une table pour trouver une solution de manière collégiale », affirme-t-il. Pour lui, c’est la seule solution pour « construire l’avenir du commerce ».

Le libraire se désole également de la mauvaise répartition des actions menées en ville. « Les animations se concentrent dans la rue du Gros-Horloge, mais nous à Saint-Marc, on est un peu excentrés. On doit s’occuper nous-même des décorations de Noël… »

Capter la clientèle

De son côté, le gérant innove à son échelle : ouverture sur la pause du midi, étendre sa librairie ésotérique à la littérature généraliste, animations, ateliers, rencontres…

Suite à sa publication, de nombreuses personnes sont venues dans sa boutique, dont de nouvelles têtes. « On me dit que c’est impensable que ça ferme », assure Franck. Certains lui ont proposé d’ouvrir une cagnotte en ligne, mais pour lui, ce n’est pas la solution. « Ce n’est qu’un pansement sur une hémorragie… déplore-t-il.

« Je dis toujours : la vie est belle, mais pour qu’elle le reste, il faut que les clients jouent le jeu. Venir, revenir, choisir la librairie plutôt que les commandes en un clic. »

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