Il est fascinant de constater avec quelle efficacité la Commission européenne parvient à légiférer sur les moindres détails de notre quotidien :
la taille des pommes, la composition des détergents, le calibrage des ampoules, ou encore le diamètre des fourchettes en plastique.
Rien n’échappe à son œil réglementaire — sauf, semble-t-il, ce qui touche aux privilèges des dirigeants.
Car lorsqu’il s’agit de s’interroger sur les avantages accordés aux anciens présidents, ministres ou hauts fonctionnaires, le silence devient soudain assourdissant.
Pas de consensus, pas de débat public structuré, et encore moins de volonté politique commune.
Ces avantages — bureaux, chauffeurs, protection, personnel — sont souvent hérités d’une époque révolue, mais continuent de peser sur les finances publiques sans réelle justification contemporaine.
Et cela ne concerne pas uniquement les sphères nationales.
Les élus européens eux-mêmes bénéficient de traitements particulièrement avantageux :
salaires confortables, indemnités généreuses, frais de déplacement, retraites dorées…
Le tout dans une opacité qui contraste avec la rigueur imposée aux citoyens et aux entreprises.
Pourquoi cette asymétrie ?
Pourquoi les citoyens “lambda” sont-ils soumis à une avalanche de normes, pendant que les élites bénéficient d’un flou confortable ?
Est-ce par pudeur institutionnelle ?
Par peur de froisser les anciens ?
Ou simplement par inertie bien entretenue ?
Il ne s’agit pas ici de dénoncer les institutions européennes, ni de sombrer dans le populisme.
Il s’agit de poser une question simple : à quand une transparence équitable, qui s’applique à tous — gouvernés comme gouvernants ?
Car si l’Europe veut rester crédible aux yeux de ses citoyens, elle devra un jour oser regarder dans ses propres rétroviseurs.
Et peut-être, qui sait, légiférer sur les privilèges avec autant de rigueur qu’elle le fait sur les cornichons.