ENQUÊTE – Gabriel Zucman a mis sa renommée scientifique au service d’une proposition choc, savamment « marketée » par des professionnels de la communication numérique. Anatomie d’une lutte.
Si l’argent n’a pas d’odeur, l’impôt peut avoir un visage : depuis janvier, la proposition d’une taxe plancher de 2 % par an sur le patrimoine des centimillionnaires a celui, poupon et au sourire modeste, de l’économiste Gabriel Zucman. Elle porte aussi un nom – le sien. C’est ce visage qui apparaît en plan serré sur les vidéos postées par l’enseignant sur Instagram, depuis son bureau de l’École d’économie de Paris, et vues des centaines de milliers de fois : il y promeut lui-même son idée, alors que, dans l’Hémicycle, la députée écologiste Éva Sas faisait adopter la taxe Zucman dans une proposition de loi votée par l’Assemblée nationale. Un montage artisanal et quelques diapositives truffées de données statistiques ont étrangement réussi à faire de lui une star, sur ce réseau où il fait pourtant ses premiers pas : en six mois, moins de trente publications ont suffi pour que 130.000 internautes s’abonnent à son compte. Et c’est sans compter ceux qui le suivent sur X, sur LinkedIn… Bientôt sur TikTok ?
« On a créé les conditions d’une mobilisation », s’enthousiasme Pierre-Natnaël Bussière, un ancien conseiller de Raphaël Glucksmann qui a jeté son dévolu sur l’économiste et a échafaudé une stratégie pour le propulser sur le devant de la scène, avec l’appui d’une autre amie, l’influenceuse écolo Camille Étienne (600.000 abonnés sur Instagram). « J’ai créé les comptes sociaux de Gabriel, je lui ai écrit ses posts, fait ses vidéos, et on a activé tous les réseaux de gauche pour mobiliser » raconte…
Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 87% à découvrir.
Vous avez envie de lire la suite ?
Débloquez tous les articles immédiatement.
Déjà abonné ?
Connectez-vous