Eurovision : un premier membre du « Big 5 » menace de boycotter le concours si Israël n’est pas exclu. (image d’illustration)

FABRICE COFFRINI / AFP

Eurovision : un premier membre du « Big 5 » menace de boycotter le concours si Israël n’est pas exclu. (image d’illustration)

EUROVISION – Ils mettent la pression aux organisateurs. La liste des pays qui boycotteront l’Eurovision en cas de participation d’Israël a été rejointe par l’Espagne ce mardi 16 septembre. Tous demandent à l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), propriétaire et gestionnaire du télécrochet européen, d’exclure l’État hébreu de l’édition 2026, alors qu’il poursuit son offensive meurtrière à Gaza.

La fronde prend de l’ampleur puisque c’est la première fois qu’un pays du groupe dit des « Big Five » (Espagne, Royaume-Uni, France, Italie et Allemagne) brandit officiellement la menace du boycott. De quoi effrayer l’UER car ces participants sont les plus grands contributeurs financiers au concours, ce qui leur vaut d’ailleurs une participation automatique à la finale.

Reste à voir si ces menaces suffiront à infléchir l’arbitrage de l’UER, dont l’assemblée générale est prévue en décembre. En attendant, Le HuffPost récapitule les différents diffuseurs qui ont déjà indiqué qu’en cas de venue d’Israël, ils ne participeraient pas au concours qui se tiendra l’année prochaine en Autriche.

• Espagne

C’est le premier, et pour le moment le seul, membre des « Big Five » qui serait prêt à « se retirer du concours pour la première fois de son histoire ». Chargée de sélectionner le représentant ibérique, la télévision publique espagnole RTVE a fait savoir ce mardi 16 septembre que « dans le cas où les membres de l’UER décident de maintenir la KAN israélienne [le diffuseur israélien du concours] dans la compétition », elle « devra concrétiser la menace ».

Cette prise de position n’est pas très surprenante, lors de la dernière édition de l’Eurovision, la RTVE avait déjà défié l’UER en diffusant un message de soutien aux Palestiniens avant sa retransmission du télécrochet, et ce alors que les organisateurs l’avaient sommée de cesser ses références à l’offensive à Gaza. Lundi, le ministre espagnol de la Culture, Ernest Urtasun, avait déjà jugé qu’il fallait « faire en sorte qu’Israël ne participe pas à la prochaine édition », faute de quoi l’Espagne ne devrait « pas prendre part » au concours.

Après l’édition 2025 en mai, le Premier ministre Pedro Sánchez avait aussi jugé que l’État hébreu ne devrait pas être présent l’année suivante. Le chef du gouvernement espagnol est une des voix les plus critiques de l’UE à l’égard de Benjamin Netanyahu.

• Slovénie

Comme le rappelle 20 Minutes, la première menace de boycott est venue de Slovénie, dont la chaîne publique RTVSLO a indiqué début septembre son intention de se retirer de l’édition 2026 en cas de participation de l’État hébreu. D’après plusieurs sites spécialisés sur l’Eurovision, la directrice de la chaîne slovène, Ksenija Horvat, a indiqué avoir contacté plusieurs fois l’UER pour tirer les choses au clair, en vain.

En mai dernier, la patronne de la RTVSLO avait déjà interpellé les organisateurs, notamment sur la participation d’Israël et sur le fonctionnement du télévote, très décrié après des polémiques lors de l’édition 2025. D’après le site belge 7sur7, elle avait dénoncé l’absence de réponse « convaincante ou concrète » à ses inquiétudes.

• Islande

Dans un article paru sur son site le 9 septembre, la télévision publique islandaise RÚV a indiqué dans la foulée du diffuseur slovène qu’il serait « possible » que l’Islande se retire du concours si l’UER autorisait la participation israélienne. « Je pense qu’il est probable que la position de l’UER ne bouge pas », a déploré Stefán Eiríksson, le patron de la RÚV, qui note malgré tout que « le climat général est en train de changer considérablement » avec une fronde importante contre la venue d’une délégation israélienne pour l’édition 2026.

« La participation [islandaise] à l’Eurovision est subordonnée à l’issue satisfaisante du processus de consultation » organisé par l’UER et qui doit s’achever en novembre ou en décembre, indique la RÚV sur son site. Néanmoins, la sélection d’un candidat islandais à envoyer en Autriche est maintenue « pour le moment », est-il précisé.

• Irlande

Et si l’Eurovision se passait sans le pays le plus primé de l’histoire du concours ? Avec sept victoires, l’Irlande compte le plus grand nombre de lauréats, mais le pays du nord de l’Europe pourrait ne pas être présent en Autriche en 2026. La chaîne RTÉ a fait savoir le 11 septembre dernier qu’elle ne prendra pas part au télécrochet si Israël est présent.

« La décision finale concernant la participation de l’Irlande sera prise une fois que la décision de l’UER [sur le sujet] sera connue », a indiqué le diffuseur dans un communiqué, où il juge que la venue d’une délégation irlandaise « serait insensée étant donné les pertes humaines effroyables et continues à Gaza ». La chaîne RTÉ se dit aussi « profondément préoccupée par les assassinats ciblés de journalistes à Gaza » et par « le sort des otages ».

• Pays-Bas

L’audiovisuel néerlandais AVROTROS s’est ajouté à la grogne avec un communiqué le 12 septembre. Le diffuseur de l’Eurovision aux Pays-Bas indique que la participation du pays est « liée » aux « valeurs fondamentales » portées par le concours. « AVROTROS ne peut plus défendre la participation d’Israël dans la situation actuelle, compte tenu des souffrances humaines graves et persistantes à Gaza », est-il écrit.

Fustigeant également « la suppression de la liberté de la presse » dans l’enclave palestinienne, l’audiovisuel public néerlandais reprend aussi les accusations d’ingérence visant Israël, suspecté par plusieurs pays d’avoir influencé le télévote lors de l’édition 2025 de l’Eurovision. « Il existe des preuves avérées d’ingérence du gouvernement israélien lors de la dernière édition du concours », dénonce le communiqué.