Les fédérations textiles françaises sont vent debout contre l’alliance annoncée ce mardi 16 septembre entre Pimkie et la plateforme d’e-commerce asiatique Shein. Cette levée de boucliers intervient alors que ces mêmes organisations signaient une lettre à l’Union européenne pour réclamer « des actions d’urgence » face à la mode ultra-éphémère.
Shein a dévoilé que Pimkie rejoignait son programme « Shein Xcelerator », qui doit permettre à l’enseigne française de vendre ses produits dans 160 pays via la plateforme. Pour les professionnels du secteur, ce « partenariat stratégique » est un « déshonneur ». « Le choix de Pimkie d’ouvrir ses portes à Shein est un signal inacceptable », s’est indignée l’Alliance du Commerce. « On ne peut pas normaliser un partenariat avec un acteur qui ne respecte aucune des règles que les autres enseignes s’efforcent d’appliquer », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Un acteur fragilisé par la crise
Fondée en 1971, Pimkie possède près de 200 magasins en France et emploie plus de 700 personnes. L’enseigne a traversé une période difficile, marquée par deux plans sociaux et une procédure de sauvegarde.
Pour les fédérations, ce rapprochement illustre la fragilité du prêt-à-porter milieu de gamme, qui lutte pour survivre face à la concurrence des géants asiatiques. « Cela montre à quel point nos entreprises sont faibles », a réagi Mario Jorge Machado, président de la fédération européenne Euratex, évoquant aussi la pression exercée par Temu et AliExpress.
L’Europe appelée à réagir
Cette annonce est d’autant plus mal vécue qu’elle survient le jour même où plusieurs organisations textiles européennes, dont celles d’Italie, d’Espagne et d’Allemagne, signaient une lettre ouverte à la Commission européenne. Elles demandent à l’UE de freiner l’expansion de Shein, Temu et AliExpress, accusés de concurrence déloyale, de non-respect des normes et de pollution environnementale.
En 2024, 4,5 milliards de colis ont été importés dans l’UE via ces plateformes, rappellent les signataires, qui s’inquiètent de la « hausse sans précédent des déchets textiles » et de la « pression intenable » sur les entreprises locales.
Plus d’articles conso« Négocier leur survie »
Lors d’une intervention au salon Première Vision à Paris, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a souligné l’ampleur des investissements publicitaires : 43,8 millions d’euros pour Shein en 2023, contre 27,5 millions pour Temu.
Les fédérations demandent une réaction rapide. « Elles ne sont pas en bonne position pour négocier leur survie », a averti Mario Jorge Machado.