C’est une riveraine, en Vieille-Ville, à Nancy, qui avait donné l’alerte durant l’été 2022, après avoir constaté que son voisin entassait en vrac des ossements dans une benne, avec de la terre. L’homme, un chef d’entreprise d’une soixantaine d’années, rénovait un vieux bâtiment et installait un spa sur sa propriété. Ce signalement effectué à la mairie, le chantier, situé sur un cimetière médiéval, avait été immédiatement stoppé. Sur place, les policiers et les agents de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) avaient découvert neuf « contenants », ressemblant à s’y méprendre à des sacs-poubelle, remplis d’ossements…

En juin dernier, cet habitant de la rue des États s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel, poursuivi pour des infractions aussi rares que « complicité de destruction de patrimoine archéologique en réunion » ou encore « complicité de violation de sépulture accompagnée d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre ».

L’habitant de la rue des États était jugé avec son architecte et le patron de la société de maçonnerie et de gros œuvre de bâtiment qui avait commencé les travaux.

« Et les poireaux au-dessus du cimetière ? »

Concrètement, il leur est reproché de ne pas avoir prévenu les autorités après être tombé sur les ossements d’un cimetière médiéval en creusant dans le jardin et d’avoir continué les travaux de terrassement comme si de rien n’était. « C’était connu que nous étions sur un vieux cimetière », avait avancé le propriétaire des lieux lors de l’audience en juin. « J’ai même été choqué d’obtenir aussi facilement le permis de construire. La mairie m’a donné l’autorisation de creuser là et elle est plus responsable que moi de la situation ».

« – On a aussi trouvé un crâne écrasé sous une mini-pelleteuse ! Vous pensez que c’est du respect dû aux morts ? », avait lancé le procureur.

« – Vous pensez que mes voisins qui jardinent et cultivent des poireaux au-dessus du cimetière respectent plus les morts que moi…? », avait rétorqué le prévenu.

Jugement : 2 ans avec sursis et une amende de 8 000 € pour le propriétaire, 1 an avec sursis et amende de 8000 € pour l’architecte, relaxe pour le patron de la société de terrassement. Cette dernière est cependant condamnée à une amende de 10 000 € dont 5 000 avec sursis.