Que retenir de l’étude PestiRiv, dont les conclusions ont été rendues publiques par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement (Anses) et Santé publique France (SPF) le lundi 15 septembre ? Des concentrations de produits phytosanitaires sont plus élevées de 15 % à 45 % dans les urines des riverains d’exploitations viticoles et douze fois plus dans l’air ambiant. Les très jeunes enfants sont particulièrement exposés.
Trois mesures phares
Les données ont été interprétées de façon diamétralement opposées par la filière vin et les associations environnementales, preuve que l’étude PestiRiv n’est pas suffisamment complète pour clore le débat. « L’étude n’était pas destinée à évaluer les conséquences sanitaires potentielles de ces expositions », reconnaît Nicolas Thierry. Le député écologiste girondin refuse « de faire dire à PestiRiv ce qu’elle ne dit pas » : « Elle s’inscrit dans un contexte d’accumulation des connaissances sur les effets des pesticides sur la santé. D’autres études antérieures font le lien entre pesticides et cancers ou troubles neurodégénératifs. »
« Le but est de prévenir les riverains 24 ou 48 heures avant les pulvérisations »
L’imprégnation des habitants de zones viticole est « désormais suffisamment documentée », pose le parlementaire bordelais. Pour ce fils et petit-fils de vignerons de l’Entre-deux-Mers (33), l’étude PestiRiv « est la brique » qui manquait pour pouvoir lancer un travail législatif. « Je vais déposer une proposition de loi dans les prochaines semaines afin de protéger au mieux les habitants vivant à proximité des vignes. » Comme pour la loi contre les polluants éternels (PFAS), votée à une quasi-unanimité au Parlement en février dernier, le député veut ouvrir un débat au-delà des murs de l’Assemblée nationale pour trouver une majorité le moment voulu. Un travail de longue haleine qui devrait durer plusieurs mois.
Nicolas Thierry veut convaincre les députés de tous bords pour trouver une majorité.
Emmanuel Dunand / AFP
Première préconisation : « Les scientifiques, et pourquoi pas le grand public, doivent avoir accès aux registres des épandages pour connaître la nature et la quantité des produits utilisés à l’échelle de la commune, la bonne échelle pour éviter toute stigmatisation des agriculteurs. » Deuxième proposition : rendre obligatoire le dispositif Phyto’alerte. « Le but est de prévenir les riverains 24 ou 48 heures avant les pulvérisations. Cet outil existe déjà mais n’est pas systématiquement utilisé par les viticulteurs. Il repose uniquement sur la bonne volonté. Il y en a, mais il faut systématiser ce système à l’échelle nationale et ne pas le cantonner à la Nouvelle-Aquitaine. »
« Zones tampon »
Troisième point, certainement le plus important : élargir les zones tampon autour des bâtiments publics et des habitations. « Elles sont de 10 à 20 mètres aujourd’hui. Il faut aller plus loin. » Certaines associations préconisent des distances de 100 à 200 mètres. De quoi mettre en péril certaines exploitations en périphérie des villes ou dans les bourgs de village. « Le but n’est pas d’arracher les vignes mais d’obliger les producteurs à utiliser des produits certifiés en agriculture biologiques dans ces zones tampon », précise le député écologiste.