Le ski est endeuillé. Une nouvelle fois. Comme l’an dernier avec Matilde Lorenzi, en mars avec Marco Degli Uomini ou en avril avec Margot Simond, un grand talent du ski mondial a perdu la vie après une chute. Tombé à l’entraînement au Chili samedi, l’Italien Matteo Franzoso, 25 ans, est mort ce lundi, victime d’un œdème cérébral. Un nouveau drame dans un sport qui les empile.
« Il est temps de prendre du recul, a d’ailleurs estimé Lucrezia Lorenzi, la sœur de Matilde. Les mots destin et malchance n’ont pas leur place dans le vocabulaire d’un sportif. On ne peut pas partir skier et ne jamais revenir. » Un discours partagé par Flavio Roda, le président de la Fédération italienne de ski. « C’est une tragédie pour la famille et pour notre sport. Il est absolument nécessaire de tout mettre en œuvre pour que de tels incidents ne se reproduisent plus », a-t-il déclaré.
Des stars de la discipline tels que Lindsey Vonn et Alexis Pinturault n’ont pas hésité à faire entendre leur voix. « Les mots me manquent, la colère domine. Il faut que les choses changent, a estimé le Français. Ce drame ravive des blessures profondes. » « C’est bouleversant. Il y a trois semaines, je skiais sur cette même piste », a écrit de son côté l’Américaine.
Touchée par un tel drame en 2017 lorsque son fils David avait perdu la vie à l’entraînement, Jeannette Poisson a également exprimé son désarroi. « Mes pensées se sont vite envolées vers ses parents, sa famille, ses compagnons de ski et la colère m’a effleuré, a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. Ce sentiment d’avoir quelque chose à faire s’est imposé une nouvelle fois. »
« Plus de décès que dans le sport automobile »
Mais que faire pour empêcher d’autres tragiques accidents comme celui-là ? « Il faut augmenter les zones de dégagement et améliorer les filets de sécurité, a proposé l’ancien skieur Kristian Ghedina à LaPresse. On pourrait trouver un moyen de rendre les pistes toujours plus sûres, mais y parvenir à 100 % est pratiquement impossible. »
Des mesures ont déjà été prises, avec notamment des airbags obligatoires pour les spécialistes de vitesse. « La vitesse et les performances des skis augmentent, nous devons donc parallèlement perfectionner les systèmes de sécurité », reconnaissait pourtant encore Markus Waldner, directeur des courses de la FIS, fin avril.
Le problème semble toutefois profond. Car en réussissant à passer au-dessus deux rangées de filets pour heurter une barrière située à 7 mètres du parcours, Matteo Franzoso n’a pas pu bénéficier d’une sécurité optimale. « En Formule 1 et en MotoGP, on a manifestement tiré les bonnes conclusions des accidents mortels, mais en ski, il semble que l’on n’en tire aucune leçon, a dénoncé Alan Perathoner, le père d’un coéquipier de l’Italien. Nous avons nettement plus de décès que dans le sport automobile. »