«Nous étions inoffensifs. Et maintenant, ceux qui le sont restés sont morts ou esclaves. Nous étions inoffensifs et nous sommes prêts maintenant à brûler les corps de deux gardes sur un pick-up. Nous étions inoffensifs et nous aurions dû le rester pour demeurer des hommes. » Le narrateur connaît les lois : dans une ancienne vie, il était avocat, sans grand éclat, aux manettes d’un quotidien sans grand tumulte. Une femme, deux enfants. Le voici sur les routes, sa femme morte, ses enfants vulnérables, dans un monde sans lois si ce n’est celle du plus fort. Le pays a été mis à feu et à sang par les « Bleus » et les « Rouges », après un lent délitement qu’il abordera sans s’appesantir – nous reconnaîtrons avec effroi la haine et la violence en germe dans notre temps présent.

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Le narrateur quitte Paris. Il cherche la République du Jura, enclave utopiste dont sa femme lui a souvent parlé. On murmure que la Capitale, quasiment vidée de ses habitants, barricadée, hantée de bandes armées, va être la cible d’un assaut final. Comment tracer sa route dans un monde sans GPS, où la violence est en embuscade à chaque carrefour, sur toutes les routes, dans chaque forêt ? Suivant les codes établis du genre post-apocalyptique, le héros va apprendre à se méfier, à se défendre, à attaquer, à se soumettre. Il croisera un roi cruel, se fera un ami providentiel, dansera dans un salon chaleureux, fera des provisions chez celle qui n’a plus rien à perdre, apprivoisera un âne.

L’art du rebondissement

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Le Kangourou du jour

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Fabrice Humbert, auteur de dix romans, dont Le monde n’existe pas, adapté en série télévisée, maîtrise à la perfection l’art du rebondissement, forcément féroce, du genre qu’il a choisi. Mais au-delà de la forme impeccable de son récit, il déploie une réflexion non sur la mort (omniprésente) ni sur la politique (néanmoins bien traitée), mais sur la vie. Comment résister quand tout s’effondre ? Voici le trésor de ce roman ardent, caché dans des phrases qui nous ramènent à ce que nous devons chérir, quoi qu’il en coûte : « Les moments fugitifs comme les lenteurs paresseuses et douces, ces mois et parfois ces années où le lit d’une vie s’alanguit comme une grasse matinée, sans que l’on se rende pleinement compte de sa chance. » 

De l’autre côté de la vie, de Fabrice Humbert (Calmann-Lévy, 233 p., 19,90 €).

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