On avait suivi en avril dernier la grande bataille entre Éric Piolle et Marine Tondelier, quand le premier s’était porté candidat au porte-parolat du parti Les Écologistes (LE) et que la seconde ne le souhaitait pas (doux euphémisme). Le maire de Grenoble avait fini par gagner, mais voilà que quelques mois après, on a appris ce mardi par le média « L’Opinion » qu’il est désormais suspendu à titre conservatoire (pour une durée maximale de deux ans) de ce même poste.
Que s’est-il passé ?
Ce mardi matin, le conseil de discipline du parti a rendu son avis, après avoir auditionné Éric Piolle le 2 juillet dernier sur l’affaire Martin/Lesourt et l’ouverture d’une instruction judiciaire pour « concussion et recel de délit ». Petit rappel : en juin 2024, Le Canard enchaîné écrivait qu’un ancien collaborateur au cabinet du maire de Grenoble, Enzo Lesourt, parti en assez mauvais termes de la mairie en 2022, affirmait avoir obtenu en 2016 une augmentation de 600 euros mensuels, mais à la condition d’en rétrocéder chaque mois 400 euros à Élisa Martin [cette dernière était alors la première adjointe à Grenoble, avant de devenir députée LFI, NDLR].
« Cette décision ne porte pas sur le fond de l’affaire »
Donc, le 2 juillet, le maire de Grenoble a été auditionné par le conseil de discipline de son parti, et ce mardi, le bureau politique des Écologistes a pris acte de la décision de le suspendre.
Contacté, François Thiollet, secrétaire national adjoint à la vie interne du parti, nous a dit : « Lors de cette audition, Éric Piolle n’a pas voulu répondre, tant qu’il n’y aurait pas de décision de justice. C’est son droit. Mais l’instance titulaire du conseil disciplinaire a décidé qu’en tant que porte-parole, il aurait dû faire faire preuve de transparence. Comme cela n’a pas été le cas, la suspension a été décidée. Mais cette décision ne porte pas sur le fond de l’affaire, je précise bien. »
Mais est-ce un acte politique, qui pourrait résulter des mauvais rapports entre Marine Tondelier, secrétaire nationale de LE et le maire de Grenoble depuis avril dernier ? Contacté, l’eurodéputé écolo David Cormand nous a dit : « L’instance qui a pris la décision de la suspension est totalement indépendante du bureau. C’est notre mode de fonctionnement. Il ne faut surinterpréter cette mesure. Le conseil de discipline avait 3 mois après avoir été saisi pour prendre une décision, et cela a été fait dans les règles. »
« Bien sûr que tout est politique avec Marine… »
Un avis qu’Éric Piolle ne partage pas du tout. Il nous a dit : « L’annonce de ma suspension aurait dû être faite le 26 juillet, mais cela a été repoussé pour que cela ne gêne pas les JDE (Universités des écologistes) et la rentrée de Marine. Rien que là, on peut voir une ingérence du bureau politique. Ensuite, le conseil de discipline me demande de répondre sur la base d’un article du Canard Enchaîné. Je n’allais pas commenter un article. D’autant plus que mes mots auraient fuité dans la seconde où je les aurai prononcés, car cela se passe comme ça, on le sait très bien. Je rappelle qu’il y a une enquête en cours. Ils ont donc pris cette décision sur la base de rien et à la demande de personne. »
Il ajoute : « Bien sûr que tout est politique avec Marine Tondelier. Elle a continué la bataille même après mon élection de porte-parole. Mais je vais me battre, oui. »