Au musée des Beaux arts la salle est pleine pour la rencontre avec l’un des cinéastes français les plus primés dans le monde. Près de 200 personnes écoutent Michel Hazanavicius répondre aux questions de Sarah Polacci.

 Je ne suis pas un spécialiste de la guerre, ni de géopolitique, j’ai raconté à hauteur de vue. 

Michel Hazanavicius

En novembre 2023, le réalisateur s’est rendu en Ukraine. Sur le front. Avec rien, un papier et un crayon. Il en tire un livre illustré de ses dessins : Carnet d’Ukraine. Une vingtaine de portraits pour parler de la guerre, des hommes et des femmes qui se battent. Avec son regard à lui.

« Je ne suis pas un spécialiste de la guerre, ni de géopolitique, j’ai raconté à hauteur de vue », explique Michel Hazanavicius. Dans ce livre, il partage tout, son étonnement, les réponses bizarres de ses interlocuteurs. « Un livre quasi pas édité, s’étonne Sarah Polacci. Pourquoi ce choix ? » « Ça m’aurait paru gênant de vouloir faire du style. J’ai essayé d’être le plus direct, sans effet. Quand vous êtes là bas, il n’y a pas de cinéma, pas de pathos. Les gens sont dans une forme de vérité. Ça m’aurait paru fou d’essayer de raconter autre chose que ça », raconte le cinéaste.

Dans le Donbass, il y a des rencontres plus fortes que d’autres. Celui que dans son récit, Michel Hazanavicius appelle L’Artiste, par exemple. « Lui n’avait jamais songé à faire la guerre. Il a vu beaucoup de morts. Il a un regard éteint. Et quand vous lui demandez pourquoi il s’est engagé, il vous répond : pour que mon fils n’ait pas à le faire », lance Sarah Polacci. « Oui, c’est ce que beaucoup de personnes m’ont dit sur le front », acquiesce le cinéaste.

Michel Hazanavicius raconte aussi ceux qui ont perdu leur corps. Des gars de 20 ans qui n’ont plus de bras ou de jambe. « Beaucoup d’entre eux s’estimaient heureux d’être en vie et voulaient y retourner ». Un jour, l’un d’eux, Ronan, lui dit : « On a la plus belle vie qu’on puisse avoir. Notre génération écrit l’histoire. »
Le cinéaste raconte cette patrie pour laquelle les jeunes Ukrainiens ont envie de se battre. « Certains avaient l’impression d’être la génération dorée, d’avoir de la chance de défendre leur pays ». Y compris chez les femmes qui s’engagent, comme Olga. « J’ai 58 ans et face à elle, 24 ans, j’avais l’impression d’être un enfant », rapporte encore Michel Hazanavicius.

Tout  ce que j’ai a dire sur ces événements c’est : fuck ! 

Jonathan Coe

Même combat pour Jonathan Coe qui présente Les preuves de mon innocence (ed. Gallimard) à la préfecture. L’auteur majeur de la littérature britannique contemporaine, dénonce dans son nouveau roman la montée des extrêmes à travers une enquête aux multiples facettes. Désopilant, déroutant et réjouissant  nous dit-on.

On  demande a J.Coe quel regard il jette sur la manifestation d’extrême droite de ce week-end, il explique la situation puis termine par : « Tout  ce que j’ai a dire sur ces événements c’est : fuck ! »

A la salle Poirel, il y a foule aussi et pour la grande rencontre organisée par L’Est Republicain autour du thème de l’Océan, Isabelle Autissier captive le public. Son plaidoyer pour le respect pour l’océan, premier acteur du climat, est ponctué de souvenirs d enfance, d’anecdotes de navigation.