Grève, blocage, banderoles, une journée de mobilisation est prévue jeudi 18 septembre dans les écoles Saint-Jean et du Hohberg à Strasbourg. Enseignants et parents d’élèves alertent sur une « rentrée catastrophique » marquée par un manque d’accompagnants d’élèves handicapés (AESH).
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Line Baudriller
Publié le 17 septembre 2025 ·
Imprimé le 17 septembre 2025 à 06h00 ·
3 minutes
« Notre école ne va pas bien, c’est une rentrée catastrophique. » Amélie, représentante des parents d’élèves du groupe scolaire du Hohberg, à Strasbourg, dénonce le nombre insuffisant d’Accompagnants d’élève en situation de handicap (AESH). « C’est la première année que nous faisons face à un manque d’AESH aussi important », confirme une enseignante qui souhaite rester anonyme.
Face à ce constat, une journée de mobilisation se prépare dans certaines écoles de Strasbourg, jeudi 18 septembre. À l’école Saint-Jean, dans le quartier des Halles, les professeurs feront usage de leur droit de grève, à l’exception de trois d’entre eux. Une banderole sera accrochée au portail : « Enfants à la rue, enfants sans AESH, familles et personnels en détresse. » Même mobilisation à l’école maternelle du Hohberg. Des parents d’élèves bloqueront l’école dès 8h30, tracts et pancartes en main, tandis que le corps enseignant fera grève.
Un manque cruel d’AESH
Si le syndicat Snuipp-FSU du Bas-Rhin ne peut pas fournir le nombre exact d’AESH manquants sur le département, dans le Haut-Rhin, 350 élèves manquent d’un accompagnement adapté. « Certains AESH sont sur plusieurs établissements et doivent s’occuper de 5, 6, 7 ou 8 élèves », confirme Mariane Brosse-Heimburger, membre du Snuipp-FSU du Haut-Rhin.
Amélie se fait le relais des enseignants et des parents démunis face à cette situation. Sa fille de 4 ans est inscrite en moyenne section à l’école du Hohberg dans le quartier Koenigshoffen de Strasbourg :
« Dans sa classe, il y a un petit garçon en situation de handicap. Il lui arrive par exemple de crier dans la classe et un atelier de peinture peut vite devenir ingérable. Il a besoin d’un accompagnement personnalisé mais l’enseignante n’est pas formée pour ça et ne peut pas consacrer tout son temps à cet enfant. Elle a une classe dont elle doit s’occuper. »
Dans cette école en Réseau prioritaire d’éducation (REP), cinq enfants ont un handicap diagnostiqué et nécessitent un suivi à temps plein, mais une seule AESH les accompagne.
Les parents d’élèves de groupe scolaire du Hohberg ont accroché des banderoles pour préparer le blocage du jeudi 18 septembre. Photo : Parents d’élèves du Hoghberg
L’école Saint-Jean, dans le centre-ville, se trouve confrontée à la même problématique. Les cinq AESH présentes ne suffisent pas pour accompagner les 15 élèves aux besoins particuliers. « Il en faudrait au minimum quatre supplémentaires », explique une enseignante de classe Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire), pour qui la présence d’AESH est essentielle. Certains accompagnants suivent des élèves individuellement tandis que d’autres apportent un soutien collectif à la classe :
« L’année dernière, j’avais cinq AESH juste pour ma classe. Cette année, je démarre avec deux. C’est un droit dont chaque élève devrait pouvoir bénéficier pour pouvoir travailler. J’ai une élève qui n’a personne pour l’accompagner depuis plus d’un an. »
Enseignants et parents en détresse
La Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 67) est en charge de l’affectation des AESH dans les établissements du Bas-Rhin. Ces affectations se font par école, laissant aux équipes de direction la tâche de répartir ces accompagnants auprès des enfants. Un système que l’enseignante en classe Ulis trouve particulièrement inadapté à la situation :
« Quand il y a suffisamment d’AESH, ce n’est pas un problème, le directeur peut affecter un accompagnant à chaque élève. Mais là, on est en manque de personnel. Comment décider quels enfants seront prioritaires pour bénéficier d’un accompagnement ? Il faut qu’on établisse une hiérarchie du handicap ? »
En l’absence d’accompagnants spécialisés, ce sont les enseignants qui doivent apporter l’aide nécessaire à ces élèves. « À Hohberg, les enseignantes sont dans des situations de détresse intense. L’école n’a repris que depuis deux semaines et elles sont déjà à bout », observe Amélie. Cette dernière regrette le silence du rectorat de l’académie qui, malgré un signalement du directeur en fin d’année scolaire 2025, n’a pas apporté de solutions pour la rentrée. Les parents d’élèves comptent sur la mobilisation de jeudi 18 septembre, devant l’école, pour obtenir une réaction.