Pas de métro, ou presque. Quelques trains et RER, essentiellement aux heures de pointe, ainsi que des bus au compte-goutte. Les usagers des transports en Île-de-France vont devoir s’adapter jeudi. Le mouvement national interprofessionnel contre le budget 2026 s’annonce très suivi dans la région capitale. Ceux et celles qui le peuvent sont encouragés à privilégier le télétravail et à reporter leurs déplacements.

Fait inhabituel : c’est le ministre des Transports en personne, Philippe Tabarot (LR), qui a livré mardi les premières tendances lors d’une conférence de presse. « La journée sera difficile pour les utilisateurs de transports en commun », a-t-il averti. Les prévisions de trafic à la RATP et la SNCF indiquent que la plupart des lignes seront très perturbées en région parisienne. D’autres prévisions affinées seront publiées ce mercredi après-midi.

Pas de métro aux heures creuses

Au total, seules les trois lignes de métro automatiques (1, 4 et 14) rouleront toute la journée, à une fréquence normale. Ailleurs, le trafic sera « très perturbé » et assuré uniquement aux heures de pointe sur les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 8, 11 et 12. Il sera « perturbé », et assuré uniquement aux heures de pointe, sur les lignes 7, 9, 10 et 13.

Côté RER, la circulation des lignes A et B sera elle aussi impactée par la grève. Quant au réseau SNCF, il sera touché par de nombreuses suppressions de trains. Sur les lignes K, L et V, mais aussi sur les lignes H, N, R et U, où le trafic sera là « fortement perturbé ». La ligne P s’en sort plutôt bien pour une fois, puisqu’elle ne devrait être que légèrement impactée par les mobilisations. Enfin, la circulation devrait être normale sur la ligne J, T12 et T13.

Sur le tram, le trafic devrait être quasi normal sur le T1, le T2, le T3a, le T3b et le T6. La RATP prévoit néanmoins un trafic perturbé sur le T5, le T7 et le T8. Du côté du réseau de bus RATP, il est conseillé de consulter le site de la régie car certaines lignes « pourraient être totalement fermées ».

Les usagers anticipent

Du côté des associations de défense des usagers, on s’attend à une journée noire. « Comme tous les syndicats appellent à la grève, ça risque d’être très suivi, plus que le 10 septembre », redoutait l’association Plus de trains, au surlendemain du mouvement « Bloquons tout ».

Cette journée de mobilisation n’avait entraîné que peu de perturbations sur le réseau du métro, sur le RER A et sur une majorité de lignes de Transilien. Le trafic avait en revanche été fortement réduit sur la ligne C du RER (desservie par seulement un train sur deux toute la journée) ainsi que sur le RER B et sur la ligne D, fermée toute la journée entre Juvisy (Essonne) et Melun (Seine-et-Marne) et desservie par un train sur 5 uniquement durant les heures de pointe du matin et du soir sur certaines de ses branches. « Comme d’habitude, on va être puni sur le RER D », a écrit en retour un usager qui anticipait déjà de nouvelles perturbations sur sa ligne, le 18 septembre.

Mobilisation massive à la RATP

À la RATP, quatre syndicats appellent à faire grève. Dans un communiqué de presse, le syndicat Force ouvrière (FO), principal syndicat à la Régie, dit recenser « plus de 80 % du personnel de conduite » qui se serait déjà déclaré gréviste.

Jean-Christophe Delprat, conducteur de métro, secrétaire fédéral FO transports et logistique, en charge de la RATP, l’assure : « Ce sera un mouvement historique, aussi suivi que contre la réforme des retraites, prédit le représentant syndical. Nos collègues se déclarent grévistes en masse au métro et au RER. Nous subissons de plein fouet l’ouverture à la concurrence et la dégradation du pouvoir d’achat. En plus, si le gouvernement prévoit de passer de un à trois jours de carence pour les arrêts maladie, c’est inacceptable. On demande de faire payer le prix de la crise à ceux qui la subissent. Les nouveaux contrats entre la RATP et Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice, sont très contraignants. Il n’y a plus de marge pour les négociations salariales. »

Vincent Gautheron, secrétaire régional CGT-RATP, évoque de nombreux motifs de mécontentement propres à la RATP. « Beaucoup de salariés expriment leur insatisfaction vis-à-vis de l’entreprise, le manque d’épanouissement et la perte de sens. Le nombre de démissions est toujours très élevé. Lors du dernier baromètre interne nommé ça va ?, les résultats étaient catastrophiques, assure le syndicaliste. Ils n’en peuvent plus des réorganisations internes. Avec l’ouverture à la concurrence du bus, puis du métro, l’avenir de la RATP est flou, et la culture de groupe inexistante. »

Dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, environ 15 000 machinistes s’apprêtent à basculer dans les prochains mois dans une filiale (RATP CAP IDF) ou chez un concurrent. En 2039, ce sera au tour du métro. Dirigé depuis près de trois ans par Jean Castex, le groupe RATP aborde la fin de son monopole en région parisienne dans un climat d’incertitude. Le nouveau contrat de cinq ans avec Île-de-France Mobilités, l’autorité qui organise et finance les transports, a été négocié dans la douleur. Et la rumeur annonce le départ prochain de Jean Castex, apprécié des syndicats, vers la SNCF pour prendre la succession de Jean-Pierre Farandou.