A Los Angeles, nombreux sont ceux qui se bousculent pour déguster les sushis délicats du chef Peter Park (dont Dua Lipa, Kendall Jenner ou encore Beyoncé), quand bien-même le lieu se trouve dans un modeste centre commercial du quartier West Hollywood. Jusqu’à Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, au point qu’il ait décidé de démocratiser ses créations culinaires à Paris. Après un pop up en 2022, la maison française a installé, de façon permanente, le premier Sushi Park Paris, au sous-sol de sa boutique de la rue Saint-Honoré. Un succès qui lui donne l’envie, cette rentrée, d’ouvrir l’adresse à l’heure du déjeuner. L’occasion d’en apprendre plus avec son chef. Rencontre.

L’interview exclusive de Peter Park, aux commandes de l’omakase YSL Sushi Park Paris

Sushi Park, le restaurant japonais de la boutique Saint Laurent Rive DroiteKristen Pelou

Votre premier souvenir culinaire ?
Peter Park. L’odeur du riz en train de mijoter et le bruit rythmé du couteau contre la planche à découper, qui me réveillait, enfant, à l’aube. À l’époque, je n’y voyais qu’une simple routine du matin, mais en y repensant aujourd’hui, je comprends que ces moments étaient remplis d’amour et de dévouement de la part de ma mère. Les repas chauds qu’elle préparait me donnaient la force de débuter ma journée. C’est là que j’aie commencé à comprendre le véritable pouvoir de la cuisine.

Y a-t-il un plat de votre enfance qui ravive immédiatement un souvenir, une odeur ou une personne ?
Quand j’étais malade enfant, ma mère me cuisinait un porridge chaud rempli d’ingrédients nourrissants. Une fois rétabli, elle me préparait ensuite l’un de mes plats préférés — une galette de viande coréenne appelée donggeurangttaeng. C’était à l’époque un plat spécial que nous ne mangions que pour les fêtes ou les grands événements familiaux. La promesse d’y goûter après ma guérison me donnait la force de récupérer plus vite. Ce bonheur m’a appris que la nourriture n’est pas seulement faite pour remplir le ventre — elle peut aussi réconforter, soigner et apporter de la joie.

Quand avez-vous réalisé que la cuisine deviendrait votre vocation ?
Mon rêve d’origine était de devenir designer automobile. J’ai étudié le design à l’Art Center de Los Angeles, mais j’ai dû quitter l’école pour des raisons personnelles. Ensuite, j’ai rejoint l’armée américaine et envisagé une carrière militaire, mais une blessure à l’entraînement m’a conduit à la démobilisation. En cherchant ma voie, j’ai rencontré ma future épouse et j’ai ressenti le besoin de construire une vie stable pour ma famille. C’est ainsi que je suis entré dans le monde de la gastronomie japonaise. Au départ, mon seul objectif était d’apprendre le métier pour pouvoir ouvrir mon propre établissement. Je ne pensais pas devenir chef. Mais, en préparant des plats en cuisine et derrière le bar à sushi, j’ai vu les visages des clients s’illuminer en goûtant mes créations. Cela a tout changé. Cela m’a rappelé la chaleur de la table de ma mère. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais vivre en tant que chef.