Pilotée par les services de l’État, la révision du plan d’exposition au bruit de la plateforme aéroportuaire pourrait figer toute nouvelle construction dans le centre-bourg de Saint-Aignan de Grand Lieu. Entre pollution sonore et urbanisme contraignant, les élus locaux crient à la double peine.
La perspective d’une mise sous cloche de la commune a fait bondir les élus de cette bourgade voisine de l’aéroport de Nantes Atlantique. Le conseil municipal de Saint-Aignan de Grand Lieu a voté, lundi 15 septembre, une délibération exigeant le maintien du plan d’exposition au bruit (PEB) actuel, en vigueur depuis 2004, à rebours de sa version révisée. En cours de finalisation auprès de la préfecture de Loire-Atlantique, ce nouveau plan aboutirait notamment à un zonage contraignant qui limiterait fortement les secteurs constructibles à Saint-Aignan.
Portée par les services de l’État, la révision du PEB de l’aéroport de Nantes actualise le document d’urbanisme encadrant les constructions dans les zones exposées au bruit, pour mieux refléter la situation actuelle et prévisionnelle du trafic aérien et des trajectoires de vol de la plateforme fréquentée par un nombre croissant de passagers. Et en protégeant ainsi mieux les populations avoisinantes. Le dossier de cette révision a été soumis à une concertation préalable qui doit se conclure le 25 septembre avant une mise en application en 2027. Or le document porterait des mesures inacceptables, estime l’édile de Saint-Aignan.
Manque de transparence
«Les simulations réalisées à partir du futur PEB montrent une telle extension de la zone inconstructible qu’elle engloberait quasiment tout le bourg, jusqu’au lac de Grand Lieu. C’est une contrainte extrêmement importante qui percute de plein fouet notre capacité d’aménagement et de développement. À plus long terme, le dispositif met aussi en danger nos services municipaux. Autrement dit, on nous condamne à une longue agonie», réagit Jean-Claude Lemasson, maire depuis 2008 de ce qu’il décrit comme «une commune sacrifiée», de près de 4000 habitants, située juste au sud de l’aéroport de Nantes et particulièrement exposée à la pollution sonore du trafic aérien. L’élu et son équipe ont longuement épluché l’épaisse documentation du nouveau PEB et ont découvert qu’une majorité de leur commune pourrait être labellisée comme zone non-constructible, en raison d’un bruit moyen rehaussé à plus de 65 décibels.
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«Je l’avais dit en 2018, à l’époque de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes , et je le redis aujourd’hui: je ne serai pas le fossoyeur de la commune», ajoute Jean-Claude Lemasson. Comme le précise l’élu, l’élargissement de la zone non-constructible autour de l’aéroport nantais semble aller à contre-courant de la réduction des nuisances sonores mis en œuvre par la mise en place d’un couvre-feu, par l’apparition d’appareils moins bruyants ainsi que par une réduction des vols. Ces circonstances n’ont pas pour autant empêché la hausse du nombre de passagers – passé de 3 à 7 millions par an, de 2010 à 2024 – grâce à une augmentation de la taille des avions de ligne et une meilleure gestion des flottes par les compagnies aériennes.
Décontenancé par le futur PEB, le maire de Saint-Aignan de Grand Lieu n’a pas encore dit son dernier mot. «On peut encore amender les travaux en cours», observe-t-il, en appelant néanmoins les services de l’État à faire preuve de davantage de transparence pour préciser les données et les calculs mis en œuvre pour justifier les nouveaux zonages. Des échanges entre les élus et la préfecture, accompagnée des experts de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) sont attendus à l’automne.