Par

Léa Pippinato

Publié le

17 sept. 2025 à 9h19

Mis en place depuis février 2025 dans le cadre de la loi « anti-narcotrafic » portée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le dispositif « Villes de sécurité renforcée » permet à l’État d’engager des moyens exceptionnels dans les communes frappées par les trafics et la criminalité organisée. Montpellier compte quatre secteurs concernés : Mosson Petit-Bard, les Marels, Figuerolles-Gambetta et l’hypercentre. C’est devant le nouveau commissariat de police nationale de la Mosson que François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, a présenté, ce mardi 16 septembre 2025, le bilan de cette vaste opération menée au début du mois.

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Dix jours sous pression

Du 2 au 10 septembre, la Mosson a fait l’objet d’une opération ciblée. L’avenue de Louisville, où s’organisait un point de deal, a concentré l’action. Les forces de l’ordre ont procédé à huit gardes à vue, dont six directement liées au démantèlement du trafic. Trois commerces du quartier seront fermés. Deux employaient des étrangers sans titre de séjour et un troisième a été pris en flagrant délit de détention de stupéfiants. Quatre personnes en situation irrégulière ont également été interpellées. Pour le préfet, il s’agit d’un coup d’arrêt important : « C’est un travail très important de démantèlement du milieu du spectre pour éviter que ce point de deal se réinstalle. »

Ces opérations ponctuelles s’ajoutent à une stratégie plus large. Depuis le lancement des Villes de sécurité renforcée à Montpellier en mars, les forces de l’ordre ont interpellé 677 personnes. Elles ont mené 528 gardes à vue et obtenu 127 déferrements devant le tribunal judiciaire. Au même moment, 808 AFD (amendes forfaitaires délictuelles) ont été délivrées pour usage de stupéfiants. Le préfet a détaillé le volet financier : 226 000 euros saisis, 14 kilos de cocaïne, 12 kilos de cannabis, un kilo d’héroïne, 56 armes à feu et 70 armes blanches. La cocaïne, dont le prix baisse jusqu’à 30 ou 40 euros la dose, connaît une progression inquiétante. À noter également le retour préoccupant de l’héroïne. Longtemps disparue du marché local, notamment sous sa forme la plus dure par injection, elle semble désormais trouver preneur plus facilement. Des consommateurs la sniffent, ce qui favorise son écoulement, et elle est vendue au gramme à un prix équivalent à celui de la cocaïne.

La justice en appui

Le nouveau procureur de la République de Montpellier, Thierry Lescouarc’h, a souligné l’importance de la réponse judiciaire. Selon lui, « pour la détention, le transport, l’acquisition ou la cession, les peines prévues dépassent dix ans d’emprisonnement et des centaines de milliers d’euros d’amende. Dès qu’une affaire se présente, une réponse est apportée, adaptée aux faits et aux auteurs. » Depuis janvier, près d’un million d’euros en numéraire ou en valeurs criminelles ont été saisis dans la métropole. À l’échelle du département, ce chiffre atteint quinze millions. Les procédures se multiplient pour assécher l’économie parallèle qui alimente le narcotrafic.

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La lutte vise aussi les circuits de blanchiment. Supérettes et petits commerces servent parfois de façade aux trafiquants. Le préfet insiste : « Ces commerces qui pullulent dans nos villes ne sont que l’excroissance du trafic. On cherche à savoir qui est derrière et comment s’organisent les rachats. » La loi anti-narcotrafic donne la possibilité de fermer immédiatement un commerce pour six mois, renouvelables, sur simple suspicion de blanchiment ou découverte de sommes d’argent sans justification. À Montpellier, cette disposition a déjà été utilisée. Sébastien Cote, adjoint au maire chargé de la tranquillité publique, l’assume : « L’Hérault est un modèle. Nous sommes le premier département de France pour les fermetures administratives. »

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Une responsabilité partagée

Les autorités insistent sur le rôle des consommateurs. François-Xavier Lauch a lancé un avertissement : « Tant que nos concitoyens n’auront pas compris qu’il faut arrêter de consommer des stupéfiants, on ne vaincra pas le mal. Ce sont des conducteurs de Tesla qui achètent leur dose dans ces quartiers. Toute la société est touchée. » Pour lui, les habitants de la Mosson ne sont pas les consommateurs mais les victimes de ce trafic. Le quartier bénéficie parallèlement d’un plan de renouvellement urbain d’un demi-milliard d’euros. Les programmes portent sur la rénovation des logements, la construction de nouvelles écoles et la modernisation d’équipements publics. Mais pour le préfet, la sécurité reste le préalable : sans elle, aucun projet n’est viable.

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