Au cœur du vieux village, ses pierres blondes racontent près d’un millénaire d’histoire. L’église Saint-Laurent, construite entre les XIᵉ et XIIᵉ siècles, a vu naître et renaître la cité. Entre pèlerinages, guerres, peste et fêtes populaires.
Saint-Laurent-du-Var s’est bâti autour de son fleuve, qui irriguait autrefois cultures maraîchères et oliveraies. Dès le Moyen Âge, le village se structure autour de son église romane et d’un hospice destiné aux voyageurs.
« On a retrouvé trace de cet hospice attenant à l’église, destiné à accueillir pèlerins et pauvres de passage » explique Laetitia Berthoin, responsable du service archives, documentation et patrimoine culturel. À l’époque, les chanoines de l’ordre de Saint-Augustin, venus d’Italie, y assuraient le gîte, entretenaient trois chambres, deux lits et une barque gratuite pour traverser le Var…
© Archives Saint-Laurent-du-Var
Cette richesse, alimentée par les dons, finit par attirer la convoitise des évêques de Vence. En 1327, sur décision du pape Jean XXII, l’institution ferme et ses revenus passent aux mains des hospitaliers. Ruinée par les guerres et la peste, il n’en reste aujourd’hui qu’une voûte, vestige silencieux d’un autre temps.
Entre sépultures et remaniements
L’église elle-même, d’origine romane, a connu de multiples transformations. Construite en pierre calcaire de Gattières, elle conserve encore une frise dentelée d’époque médiévale et un mur à fenêtre géminée, considéré comme la plus ancienne construction du village.
Sous son dallage se trouvait le premier cimetière.
© Romain Boisaubert / Nice-Presse
« Les habitants qui pouvaient payer avaient le privilège d’être inhumés à l’intérieur de l’église » rappelle Laetitia Berthoin. Lors de travaux en 1991, des ossements y ont été découverts, témoins de ces pratiques funéraires.
Le clocher, autrefois de style roman lombard, fut détruit en 1925. Il céde la place à un campanile en fer forgé, emblématique de la tradition provençale. À l’intérieur, un reliquaire en bois doré du XVIIᵉ siècle abriterait un fragment du tibia de Saint-Benoît, tandis qu’un vitrail remarquable, au fond de la nef, rend hommage à Saint-Laurent, patron de la commune.
Une église au cœur de la vie locale
De siècle en siècle, l’église Saint-Laurent est restée un repère, au-delà de sa dimension religieuse. Elle s’inscrit dans le quotidien festif des habitants.
© Romain Boisaubert / Nice-Presse
Sur la place Castillon, se tiennent chaque année la Soupe au pistou, la Fête du Gueyeur ou encore les concours de pans-bagnats, autant de moments de convivialité qui prolongent l’histoire d’un édifice indissociable de l’identité laurentine.
« L’église Saint-Laurent, c’est à la fois le plus ancien monument du village et un lieu toujours vivant » résume Laetitia Berthoin. Un trait d’union entre mémoire médiévale et traditions populaires, qui continue de rythmer la vie du cœur historique.