Il ne reste plus rien ou presque… Du Moulin Rose, plus ancien dancing de France construit à Belbeuf en 1927 (qui a vu entre autres le tournage du film Casque d’Or en 1952 et le concert du trompettiste américain Louis Armstrong en 1955), seule subsistent le moulin et ses ailes. Un violent incendie est passé par là…

Ce mardi 16 septembre à 2h55, alors que l’établissement était fermé (il ne fonctionne que le week-end), le Centre de traitement des alertes des sapeurs-pompiers de la Seine-Maritime reçoit plusieurs appels signalant l’incendie de la boîte de nuit. Trente-six engins de secours et soixante-huit soldats du feu sont immédiatement dépêchés sur place. L’établissement de 900 m2 est totalement embrasé.

Ce n’est qu’à 7h40 mardi que l’incendie est maîtrisé avec « exclusivement l’eau de la Seine » comme l’a spécifié la commune. Pendant leur intervention, à cause de la chaleur et des fumées, les sapeurs-pompiers ont demandé aux riverains de rester confinés chez eux. Aucune victime n’est à cette heure à déplorer. Face à la menace d’effondrement de la toiture, des planchers et des murs porteurs, des engins de chantier sont intervenus toute la journée occasionnant de forts ralentissements de circulation dans ce secteur très fréquenté.

Le Moulin Rose à Belbeuf n'est plus qu'un champ de ruine. LP/#PRESSE30Le Moulin Rose à Belbeuf n’est plus qu’un champ de ruine. LP/#PRESSE30

« C’est avec une immense tristesse que nous devons vous annoncer une nouvelle que nous n’aurions jamais imaginé écrire. Dans la nuit dernière, un incendie dévastateur a ravagé notre établissement. Le Moulin Rose sera fermé pour une durée indéterminée », a indiqué la direction sur les réseaux sociaux.

« Nous pleurons l’âme festive de Rouen »

« À cet instant, nous n’avons encore aucune information sur la cause de ce drame. Depuis près d’un siècle, le Moulin Rose n’était pas seulement un club, c’était un symbole, une histoire, une famille. Des générations entières y ont dansé, ri, chanté, aimé. Chaque soirée résonne encore dans nos mémoires comme un souvenir vibrant, chargé d’émotions. Aujourd’hui, nous pleurons non seulement la perte d’un bâtiment, mais aussi celle d’une part de l’âme festive de Rouen. Même si les murs ne sont plus, l’esprit du Moulin Rose continuera de vivre dans vos cœurs, dans vos souvenirs et dans chaque éclat de rire ou de musique qui résonnera encore », poursuit la direction de l’établissement.

Cet incendie a suscité une vague d’émotion dans la région. Des centaines de messages ont été publiés montrant l’attachement des Rouennais à ce lieu mythique. Une enquête est maintenant ouverte pour les services judiciaires. La piste criminelle n’est pas écartée.

Le propriétaire du fonds de commerce, Mehmet Erden, a lui aussi souhaité réagir : « On laisse l’enquête suivre son cours. Je ne suis pas le gérant de l’établissement ni le propriétaire des murs. Il y avait une passation de cession avec un groupe qui détient plusieurs commerces à Rouen. C’est tombé à l’eau. Alors, on laisse faire les enquêteurs ».

Des zones d’ombre

Pour Mehmet Erden, « c’est malheureusement un patrimoine local qui est parti en fumée. Je suis en contact avec les services de la Gendarmerie nationale qui effectue bien son travail. Je ne vais pas vous dire qu’on a des doutes sur l’aspect criminel des choses, mais évidemment un établissement de ce genre ne brûle pas comme cela. Au tour des assurances de déterminer l’avenir du Moulin Rose. Qu’elles jouent le jeu et que cela soit reconstruit, car j’y ai mis beaucoup d’énergie et d’argent. Dans deux ans, nous devions fêter les 100 ans. On aimerait vivre cela. C’est entre les mains des experts. Je ne voudrais pas qu’on considère le Moulin Rose comme enterré ».

Nos confrères de Paris Normandie révèlent toutefois que Mehmet Erden ne se serait pas fait que des amis. Sa maison dans l’Eure a été mitraillée à l’arme de guerre et deux de ses véhicules incendiés dans la nuit du 22 au 23 août 2025. Cet entrepreneur rouennais aurait aussi « accumulé plusieurs condamnations dans ses entreprises immobilières et de BTP » pour travail dissimulé, blanchiment aggravé et abus de biens sociaux.

Il aurait aussi écopé d’une « amende de 5 400 euros pour recel après avoir bénéficié illégalement de renseignements fournis par un commissaire de police ». Sans oublier une « condamnation à un an de prison ferme, aménagée sous bracelet électronique », etc. Mehmet Erden affirme avoir porté plainte pour diffamation contre le quotidien régional. Quant aux gendarmes, ils n’ont pas encore souhaité communiquer sur cette affaire.