Les groupes publics France Télévisions et Radio France dénoncent une « campagne de dénigrement » des médias appartenant au milliardaire Vincent Bolloré, dont CNews et Europe 1, à propos de l’affaire Cohen-Legrand,

Dans une lettre commune à l’Arcom, France Télévisions et Radio France s’inquiètent de faire « actuellement l’objet d’une campagne de dénigrement systématique et quotidienne par un autre groupe de médias, en particulier sur les antennes de la chaîne de télévision CNews et de la station de radio Europe 1 », écrivent les présidentes des deux groupes publics, Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil. Elles doivent être entendues par le régulateur de l’audiovisuel au sujet de cette affaire dans l’après-midi.

« Le caractère outrancier et déséquilibré de cette campagne dépasse désormais le simple débat d’opinions : il contribue à miner la confiance dans l’information de service public, à relativiser la responsabilité de l’acte d’informer – qui suppose honnêteté et rigueur – et, ce faisant, à fragiliser la qualité du débat démocratique », poursuivent les deux dirigeantes.

« Certains des propos dénigrants relevés sur les antennes » de CNews et Europe 1 « ont occupé ces derniers jours un temps d’antenne très significatif (…) et nous aimerions connaître votre position sur le sujet », ajoutent Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil à l’adresse du président de l’Arcom, Martin Ajdari. C’est la première fois qu’elles s’expriment publiquement sur « l’affaire Cohen-Legrand ».

« Des médias militants, d’obsessions »

« Nous faisons face à un oligopole hostile », à « des médias militants, d’obsessions », tonnait samedi dernier Vincent Meslet, directeur éditorial du groupe public, dans notre journal. « Nous ne laisserons pas un concurrent nous déstabiliser », a-t-il poursuivi, accusant ce groupe de médias d’être « la négation du pluralisme » et la « négation du métier de journaliste ».

L’affaire est partie d’une vidéo diffusée début septembre par le média conservateur L’Incorrect, qui a suscité une vive polémique. Filmée en juillet dans un restaurant parisien, elle montre Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, qui intervient sur France Inter et sur France 5, échanger avec deux responsables du Parti socialiste.

Plus que cette rencontre, classique dans le journalisme politique, c’est une phrase qui avait interrogé, lorsqu’au cours de la discussion, Thomas Legrand déclarait : « Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick et moi ». La séquence a valu aux deux journalistes des accusations de connivence avec le PS et de parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture sortante.

VidéoCyril Hanouna et les fans de TPMP manifestent contre la fermeture de C8

Depuis son déclenchement, cette affaire a été amplement commentée sur CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche (JDD), tous dans le giron de Vincent Bolloré, qui y ont vu un signe de parti pris politique du service public.

Ces derniers mois, avant cette affaire, ces médias ont déjà fréquemment reproché à l’audiovisuel public de pencher à gauche, notamment dans son traitement des questions d’immigration et d’insécurité. Eux-mêmes sont accusés par des responsables politiques de gauche de promouvoir des idées d’extrême droite, ce qu’ils contestent.

Lors de la suppression par l’Arcom de son canal TNT à C8, autre chaîne du groupe Bolloré qui ne respectait pas sa convention de diffusion, Martin Ajdari avait été vivement critiqué par le présentateur Cyril Hanouna.