En réponse à sa campagne militaire dans la bande de Gaza, la Commission européenne a dévoilé une série de mesures ciblant Israël. Je veux être très claire, le but n’est pas de punir Israël. Le but est d’améliorer la situation humanitaire à Gaza », a néanmoins justifié sa vice-présidente, Kaja Kallas, devant la presse.

La Commission propose notamment de taxer davantage les produits israéliens importés dans l’UE. Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l’UE, renchérir de quelque 227 millions d’euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d’origine agricole. Seuls 37 % des 15,9 milliards d’euros d’exportations israéliennes vers l’UE, son premier partenaire commercial, seraient concernés par ces sanctions, essentiellement dans le secteur agroalimentaire.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l’UE. L’exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Mais cette tentative s’était révélée vaine, faute d’accord au sein des 27 États membres.

Suspension du soutien bilatéral à Israël

En outre, mercredi dernier, la présidente de la Commission avait haussé le ton contre le gouvernement israélien en proposant des sanctions contre les « ministres extrémistes ». Elle avait également plaidé pour « une suspension partielle de l’accord d’association (UE-Israël) sur les questions liées au commerce ».

Dans un discours sur l’état de l’Union prononcé devant le Parlement européen à Strasbourg, elle avait également déclaré que la Commission suspendrait son soutien bilatéral à Israël, sans affecter toutefois la collaboration avec la société civile israélienne et Yad Vashem, le principal mémorial israélien de l’Holocauste. Israël lui avait aussitôt reproché d’envoyer « un mauvais message, qui renforce le Hamas ».

Des mesures difficiles à faire adopter

Les mesures proposées mercredi seront toutefois très difficiles à faire adopter par des États membres, profondément divisés sur le sujet. Les sanctions contre les ministres requièrent l’unanimité des pays de l’UE pour être adoptées. Celles dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des États membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Précédemment, la Commission avait proposé de restreindre l’accès d’Israël à son programme phare de financement de la recherche. Mais elle n’avait pas réussi à obtenir un soutien suffisant des pays membres de l’UE pour cette initiative. Au sein de l’UE, « nous ne pouvons pas nous permettre d’être paralysés », a tenté de conjurer la présidente de la Commission mercredi dernier.

Face à cette paralysie de l’Union européenne, plusieurs pays ont décidé d’agir de leur côté. Début septembre, la Belgique a ainsi décidé de prendre unilatéralement une série de sanctions contre Israël ou certains ministres du gouvernement de Benyamin Netanyahou, et s’est engagée à se joindre aux pays – dont la France – qui reconnaîtront l’État de Palestine lors de la prochaine assemblée générale de l’ONU.