Dylan avait 12 ans quand, frappé par un syndrome de Lyell, il perdait la vue à cause de brûlures irréversibles sur ses yeux. Filmé par Franceinfo douze ans plus tard, et alors qu’il rêvait de revoir le visage de ses parents, de son frère et de sa sœur, tout comme des fleurs dans la nature, une opportunité se présentait à lui et à sa situation tout à fait inédite. Comme sa rétine et son nerf optique n’avaient pas été touchés, le service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier lui proposait l’option de lui reconstituer un œil à partir d’une greffe, et pas n’importe laquelle.
L’idée semble tout droit sortie de la science-fiction, mais elle est très sérieuse. En salle opératoire, quelques mois avant de retrouver la vue, Dylan se faisait greffer une partie de sa propre dent à la place de son œil brûlé, pour remplacer sa cornée. Avant d’avancer plus loin, les équipes ont attendu que le corps de Dylan accepte cet élément « étranger ». Ce morceau de canine, les chirurgiens l’avaient percé en son centre, pour y insérer par la suite un morceau de plexiglass, pour faire le même effet qu’une lentille ou qu’un verre de lunette.
👁 Un aveugle retrouve la vue grâce à une opération révolutionnaire et unique en France : un morceau de dent greffé dans l’oeil. #JT20h pic.twitter.com/hHukmkPSKd
— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) September 16, 2025
La technique ostéo-odonto-kératoprothèse et ses secrets
Une fois cette prothèse complétée et entièrement acceptée par l’œil, ce fut le moment de constater les effets, et la réponse de la rétine face à ces nouveaux rayons convergents vers son centre. Résultat, deux heures après l’opération, Dylan s’écriait : « je vois de la lumière, et pas qu’un peu ! ». Comme lui, dix autres patients en France ont déjà reçu ce traitement tout à fait exceptionnel. En médecine, la technique est connue sous le nom d’ostéo-odonto-kératoprothèse, découverte en 1963 par le Docteur Benedetto Strampelli, puis reprise et modifiée par le Docteur Giancarlo Falcinelli.
Mais pourquoi donc se servir d’une dent pour une telle prothèse ? La question est pertinente, car si le tissu dentaire et son parodonte sont privilégiés par rapport aux autres tissus durs de l’organisme, « c’est parce qu’ils présentent des propriétés de stabilité sur le long terme indispensables à la survie de la kératoprothèse », expliquaient des médecins du Service d’Odontologie à l’Hôpital Charles Nicolle du CHU de Rouen. Quant à privilégier la canine, la raison concerne sa taille, avec une racine plus longue et plus large.
Aux médecins du CHU de Rouen de rappeler qu’il s’agit néanmoins « d’une procédure lourde, irréversible et chronophage qui nécessite une collaboration totale entre l’équipe de chirurgie orale et d’ophtalmologistes », qui ne pourra malheureusement pas être une solution miracle pour tous les profils, et qui nécessitera aussi que le patient possède au moins une de ses deux canines en bonne santé. Pour Dylan, suivi dans le reportage de Franceinfo, le retour de sa vision n’est que relatif, avec à ce jour une vision à 3/10.
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