Après avoir publié ses deux premiers polars en Livre de Poche et les avoir présentés au festival Quais du Polars (Les Suppliciées du Rhône et Le Labyrinthe des Femmes), Coline Gatel se lance un défi de taille : sortir son dernier opus, Le Sang des Génies, en autoédition.

Pourquoi avoir choisi Lyon ?

Je suis les débuts de la criminologie. La police scientifique me fascine, même si je n’ai aucune attache avec le domaine médicale. Je suis plutôt littéraire ! (Rires). J’ai trouvé que ce sujet était fascinant. La série les Experts passait à ce moment-là, et j’ai trouvé intéressant de faire le parallèle avec ce qu’avait été le début de la police scientifique à la fin du 19ème et le début 20ème avec les balbutiements qu’il y a pu avoir, et le fait que pendant très longtemps, la police scientifique n’a pas vraiment été impliquée dans les enquêtes. Quand on regarde les vieux Maigret, ils ne prennent même pas d’empreintes digitales. Jusque dans les années 50, la police scientifique n’avait pas vraiment un rôle alors qu’elle existait. Elle a pris son envol avec Edmond Locard (professeur de médecine légale). Avec Alexandre Lacassagne, c’est le premier qui a monté un groupe de police scientifique à Lyon, installé dans le grenier du Palais de Justice.

Vos romans sont très noirs, on y suit les personnages au fil de leurs enquêtes…

On est sur du roman historique. J’essaie de coller le plus possible à la vérité, donc j’ai fait une très grosse recherche sur les rues de Lyon, qui ne s’appelaient pas de la même façon. Pour les personnages, j’ai fait des gens un peu cabossés, parce que j’aime ça. J’ai créé une équipe avec des étudiants d’Alexandre Lacassagne, et une journaliste à l’époque où les femmes n’avaient pas du tout le droit de l’être. Tous les trois partent en enquête, ils ont tous un vécu.

Une histoire que l’on suit au fil des livres ?

Ces trois romans peuvent se lire indépendamment, même s’il est toujours bien de suivre l’ordre. On y voit l’évolution des personnages. Après avoir abordé le sujet de l’avortement dans le premier livre, je parle des fameuses arêtes de poisson (souterrains emblématiques des pentes de la Croix-Rousse) dont on parlait peu d’ailleurs quand j’ai commencé à écrire le livre. J’ai écrit avec tous les documents que je pouvais. J’adore faire des recherches historiques, surtout sur les petits détails, la vie des gens.

Le Sang des Génies vient de paraître cet été. Une sortie qui n’a pas été simple ?

Le label Préludes (chez Livre de Poche) a fermé au moment où j’étais sous contrat, mon livre devait sortir un mois après… Je me suis retrouvée un peu le bec dans l’eau. Et quand une série est déjà en poche, ce n’est pas simple de trouver un autre éditeur. Deux ans après, j’ai pu reprendre mes droits et je l’ai sorti en autoédition. C’est vrai que l’autoédition est encore terriblement mal vue par les libraires. Et je les comprends, ce n’est pas simple. J’en ai lu… Il y a du très bon, comme du très mauvais. Je conçois que ce n’est pas simple de faire une sélection.

Cette troisième histoire nous fait voyager de Lyon jusqu’en Bavière…

Le héros principal a une vie très décousue, c’est vraiment un cabossé. Il va être atteint de la tuberculose. Alexandre Lacassagne les découvre, lui et la journaliste dans un état pas possible, et décide de l’envoyer dans un sanatorium pour riches, en Bavière. Ça a été la possibilité pour moi de parler du début du nazisme dans les fermes. Cette série de romans historiques est très très (très) sombre. Certains ont du mal à la lire. 

Vous vous êtes lancée dans l’écriture d’une série plus légère, Cosy Crime. Pourquoi un changement si radical ?

Pendant le Covid je me suis dit mais où va-t-on ? Arrêtons d’écrire du noir. J’ai plus de soixante ans, alors on va parler de cette femme-là et de sa place dans la société actuelle. Nous ne sommes plus les mêmes femmes que nos mères et encore moins que nos grands-mères. Je parle d’une femme que je connais, je me suis servie de mes expériences pour cette série. Par contre les histoires sont complètement romancées, c’est léger. Beaucoup de femmes m’ont remercié de parler de la ménopause. C’est un sujet assez tabou, alors que maintenant nous les femmes on se retrouve à passer plus de temps ménopausées que actives. Aujourd’hui les femmes n’ont plus envie d’être mises au placard. Elles ne veulent pas être cataloguées dans le rayon des vieilles ! (rires).

Comment envisagez-vous la suite ?

Pour l’instant il y a trois livres sur la série Cosy Crime. Il y en aura peut-être un quatrième, mais en même temps je réfléchis à d’autres séries. J’aime bien aussi ne pas m’enfermer trop longtemps dans une série car après, ça devient presque une obligation de la finir.

Le Sang des Génies – Coline Gatel

Mon Lyon

Quartier fétiche : Ça reste la Croix-Rousse. Je rêve de découvrir les souterrains… 

Se balader : Vers les quais. J’adore l’eau et les bateaux. J’en ai un moi-même ! Je n’abandonne pas l’idée de peut-être un jour vivre, à l’année, dans une péniche.

Manger au restaurant : Lors du dernier « Quais du Polar », je m’étais trouvé une « chouette cantine » à la brasserie l’Entrecôte !  J’aime la bonne viande. Les frites sont à « tomber ». Pas très diététique, mais simple et rapide. 

Faire du Shopping : J’ai un faible pour la librairie des Canuts, à Croix-Rousse.