Le mariage entre Pimkie et Shein n’est clairement pas apprécié. Annoncé hier, le partenariat entre la marque de prêt-à-porter française et le géant chinois de l’ultra fast-fashion a provoqué un torrent de réactions indignées. Le monde du textile français s’unit pour démonter ce choix fait par le repreneur de Pimkie. Au lendemain de ce véritable tremblement de terre, c’est la famille Mulliez qui a réagi. Propriétaire de Décathlon, Auchan ou encore Leroy Merlin, la société familiale avait vendu Pimkie en 2023, en vue d’un plan de sauvegarde de l’emploi.
Ce choix d’alliance opéré par l’homme d’affaires Salih Halassi, qui avait repris la marque il y a trois ans, est ouvertement critiqué. Ce partenariat pourrait-il faire l’objet de poursuites judiciaires ? Ce n’est pas impossible. D’après les informations de 20 Minutes, la famille Mulliez envisage de porter plainte. Contacté, le groupe confirme que Suramac, la filiale qui avait cédé Pimkie « saisira la justice de ces faits ».
Selon le groupe, l’alliance nouée avec Shein « pourrait constituer un usage des fonds mis à disposition lors de la cession manifestement contraire à leur finalité ». Car lors de la vente, la société nordiste avait versé près de 140 millions d’euros « pour préserver l’activité et l’emploi d’une enseigne autonomisée et responsabilisée ». Suramac estime que ce partenariat est « particulièrement déloyal » vis-à-vis des accords conclus lors de la cession de Pimkie.
La filière veut l’aide des pouvoirs publics
L’annonce de ce mariage avait provoqué un véritable tollé mardi. « Le choix de Pimkie d’ouvrir ses portes à Shein est un signal inacceptable », a estimé l’Alliance du Commerce. Les critiques vont bon train, estimant que cette stratégie fait entrer le loup dans la bergerie. La Suramac dénonce une stratégie de « cheval de Troie » opérée par le géant chinois de l’ultra fast-fashion. « L’alliance annoncée porte atteinte aux intérêts de la filière du textile. Il est impossible de laisser une entreprise s’associer à Shein sans réagir ».
Plus de 500 magasins Camaieu ont fermé définitivement leurs portes en octobre 2024. - Eric Dessons
Face à l’essor pris par le géant chinois, le prêt-à-porter français réclame une intervention des pouvoirs publics et attend une régulation stricte pour contrer ces pratiques. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’impact de cette vente en ligne à des prix très bas. Depuis plusieurs années, le secteur du textile est en crise, sous l’effet de la pandémie, de l’inflation et de la vente en ligne. De nombreuses enseignes ont baissé le rideau, comme Camaïeu, Kaporal ou encore Kookaï.