Invité ce dimanche soir du Canal Rugby Club sur la chaîne cryptée, l’ex-star du rugby français est revenue longuement sur ses problèmes de mémoire. En s’employant à les relativiser.
Une prise de parole étrange. Entre confirmation de ses propos initiaux et modération de leur portée. «C’était un constat de ma vie d’aujourd’hui. Mais tout va très bien, je n’ai aucun souci dans mon quotidien», a tenu, d’emblée, à préciser Sébastien Chabal. Des précisions très attendues quelques jours après avoir révélé, lors de l’émission «Legend» sur YouTube, n’avoir «aucun souvenir d’une seule seconde d’un match que j’ai joué».
Dimanche soir, le consultant de Canal + s’est voulu plus clair. «Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ce qui s’est passé il y a longtemps comme il n’y a pas très longtemps. J’ai quelques souvenirs de l’équipe de France, peut-être parce qu’on m’en parle souvent. Ma réponse au haka des All Blacks, par exemple, est-ce un souvenir à moi ou un souvenir que je me suis recréé parce que je l’ai revu des dizaines de fois et qu’on m’en a tellement parlé ? Je ne sais pas… J’ai des souvenirs de Bourgoin, du Racing, de Lyon (les clubs où il a joué en France, NDLR). En revanche, mes cinq années passées à Sale, en Angleterre, sont pratiquement effacées de ma mémoire.» Et d’avouer : «Je m’en aperçois quand je discute avec les copains. J’écoute mais je ne suis pas celui qui dit ‘’tu te rappelles‘’…»
Il n’y a pas que le rugby qui s’est en grande partie effacé de sa mémoire. «Je n’ai pas des souvenirs de tout. Quand je dis que je ne me souviens pas de la naissance de ma fille, c’est une réalité. Un souvenir est accompagné d’émotions, de sensations… Ça, je ne l’ai quasiment plus. Ce n’est pas le black-out mais, concernant le rugby, il ne me reste vraiment pas grand-chose. Je ne me souviens pas d’une seule Marseillaise par exemple», répète l’ex-international aux 62 sélections. Mais il s’efforce de relativiser, voire de minimiser ses propos initiaux. «On n’a pas tous la même mémoire. J’ai énormément d’activités dans ma vie professionnelle. Je ne peux pas me souvenir de tout. Mais il y a des choses dont je ne me souviens pas du tout, c’est un constat.»
«Sébastien Chabal va bien»
Il veille cependant à rassurer les parents qui auraient pu s’inquiéter de ses confidences sur YouTube. «J’ai subi une grosse commotion quand je jouais à Bourgoin. Je n’étais pas allé à l’hôpital, j’avais juste été surveillé quelques jours. Mais, sinon, je ne pense pas avoir subi d’autres gros chocs durant ma carrière. Mais une multitude de petits chocs répétés peuvent , peut-être, avoir les mêmes conséquences.»
Il avoue regretter l’ampleur qu’ont prise ses déclarations initiales. «Je n’ai pas dit ça pour être au milieu de ce débat sur les commotions. J’ai trouvé ça un peu triste l’emballement médiatique car des joueurs ont dit haut et fort qu’ils souffraient de vrais troubles et n’ont pas beaucoup été relayés eux. Ça m’a agacé parce que quand le Barbu dit ‘’je ne me rappelle pas’’ c’est le branle-bas de combat. Mieux vaut s’intéresser à ceux qui ont un quotidien difficile. C’était juste un constat de quelques mots dans une longue interview, pas une déclaration. Je suis mal à l’aise par rapport à ceux qui ont des vrais problèmes. On a tous quelques troubles. Mais d’autres anciens coéquipiers prennent des cachets, ont du mal à dormir, à trouver leurs mots.»
Il conclut en parlant de lui à la troisième personne. «Sébastien Chabal va bien, assène-t-il. Le rugby est un sport de contacts, il y aura toujours des micros-traumatismes. Mais ça fait partie des risques du métier. J’étais un joueur professionnel et je le savais. Aujourd’hui, la santé des joueurs très largement prise en compte, le suivi est incroyable.» À ce propos, il s’est décidé à consulter, ce qu’il ne souhaitait pas faire lors de ses confidences à «Legend». «Je vais bien, donc ce n’est pas trop grave. Je n’ai jamais de maux de tête. Mais je vais voir un médecin jeudi prochain pour mettre en place rapidement des examens. Cela permettra de comprendre. Peut-être que le rugby n’est pas la cause. Je n’ai peut-être simplement pas de mémoire…». Une dernière phrase ponctuée d’un grand éclat de rire.