Une vue de l’automate de « La Quête du Temps», capable de 144 mouvements différents sous un globe représentant les constellations telles qu’elles étaient disposées à Genève le 17 septembre 1755.
Alain CostaLe mouvement des planètes et des signes du Zodiaque
En dessous, l’horloge astronomique offre deux cadrans, l’un occupé par un exceptionnel tourbillon cerclé de diamants et d’une poétique date rétrograde. Le second représente la voûte céleste de l’hémisphère nord et reproduit par rotation — et en temps réel — le mouvement des constellations selon la durée d’un jour sidéral, qui n’est pas de 24 heures, mais de de 23 heures, 56 minutes et 4 secondes précisément. Les saisons, équinoxes et signes du zodiaque se lisent sur les anneaux extérieurs. En dessous, un socle représente le système solaire sur fond de lapis-lazuli, avec des planètes taillées dans des cabochons de pierres dures. La base abrite le mécanisme qui actionne l’automate et la musique, particulièrement cristalline, qui accompagne chacun de ses mouvements. Elle a été spécialement composée par… Woodkid en personne.
Un automate qui danse toutes les 45 minutes sur du Woodkid
Mais c’est bien sûr l’automate qui attire tous les regards. Cette figure humanoïde (qui n’est pas sans rappeler le célèbre Homme de Vitruve de Léonard de Vinci) suit une chorégraphie sur trois séquences d’une durée totale d’une minute et demie, proposée aux visiteurs toutes les 45 minutes. Déploiement des bras, main qui indique les étoiles, gestes différents à chaque fois lors de la troisième séquence : le spectacle est bluffant, mais il ne faut pas oublier un second automate, une Lune rétrograde en trois dimensions d’une telle précision qu’aucune correction ne sera nécessaire pendant 110 ans. Les amateurs de chiffres se réjouiront à l’idée de cette nouvelle arithmétique signée Vacheron Constantin : 8 brevets, 250 kilos, 6293 composants assemblés à la main, dont près de 4000 pour le seul automate, 7 ans de conception et de réalisation, plus d’une vingtaine de complications…
La cadran avant est équipé d’un monumental tourbillon situé à douze heures.
Alain Costa
Au verso, un deuxième cadran propose carte du ciel gravée dans du verre minéral, encrée à l’or, entourée des signes du zodiaque.
Alain Costa
Si Christian Selmoni défend, à l’heure du digital, « un autre regard sur le temps, mais aussi une manière de reconsidérer l’intelligence de la main », Olivier Gabet, le directeur du Département des Objets d’Arts du Louvre, se félicite également des collisions temporelles orchestrées dans ce qui fut, sous la Restauration, la salle du Conseil d’Etat. « Il arrive qu’une pièce très contemporaine permette de se projeter sur des pièces plus anciennes : c’est ce que nous avons voulu avec cette sélection de pièces et d’objets sur le temps, qui marient mécanique et esthétique. Les connexions sont partout, les dialogues aussi, qu’il s’agisse de ce qui fut probablement une horloge automate créée au IXe siècle à Cordoue, ou encore ce rarissime fragment de clepsydre égyptienne du IVe siècle avant Jésus-Christ». A ce sujet, ce grand spécialiste des arts décoratifs, qui a fait entrer la mode au Louvre par la grande porte, a un conseil à partager. A l’arrière du fragment se trouvent trois petits points : il y a 2400 ans, c’est eux que l’on observait pour connaître l’heure. Au Louvre, suivez son autre suggestion : celle de prendre son temps…