Septième musée du mémorial de la Shoah, il devrait voir le jour au cœur de la ville fin 2026. La première pierre du bâtiment a été posée ce mercredi en présence de Serge Klarsfeld et du maire Christian Estrosi, qui a dénoncé la recrudescence de l’antisémitisme en France.

«J’ai 90 ans aujourd’hui. Je suis à Nice et je suis heureux en prévoyant que ce mémorial des Juifs de la Côte d’Azur insufflera une vie posthume à des milliers de Juifs qui n’auraient pas voulu être oubliés.» Sous un soleil écrasant et un silence de plomb, Serge Klarsfeld, figure tutélaire de la mémoire juive, se tient sur l’estrade bleu roi de l’inauguration. Dos à lui, l’imposante Villa Masséna, dont le jardin abritait ce mercredi matin la présentation du futur Mémorial de la Shoah de Nice (Alpes-Maritimes) ainsi que la pose de la première pierre du bâtiment.

D’abord annoncée pour cette année, l’ouverture de ce prolongement du lieu mémoriel de Paris, est désormais prévue pour la fin d’année 2026, au sein de l’ancien poste électrique de la ville, situé en son centre. Là, 600 mètres carrés répartis sur trois étages, alternant expositions, ateliers éducatifs pour les enfants et salle de conférences agenceront le futur musée. Le tout, dans la perspective d’une vision plus locale de la Seconde Guerre mondiale.


Passer la publicité

Si Nice a été un lieu de refuge avant l’occupation allemande de la Côte d’Azur et la déportation d’environ 3700 Juifs, elle ne comporte pas de lieu spécifique relié à l’histoire, à l’inverse des six autres musées gérés par le Mémorial (à Paris, Drancy, Orléans, Pithiviers, Clermont-Ferrand et au Chambon-sur-Lignon). «Recueillement, transmission et éducation», voilà donc les trois termes martelés tout le long de chaque prise de parole, dont celle du maire Christian Estrosi (Horizons), à l’initiative de la création de cette antenne niçoise avec le Mémorial de la Shoah.

«Un été de cristal»

«Lorsque nous avons signé cette convention avec le Mémorial de la Shoah et son président Éric de Rothschild, il y maintenant un an de cela, nous étions loin d’imaginer qu’au moment où nous déposerions cette première pierre aujourd’hui, l’antisémitisme aurait fait un tel parcours et aurait fait ressurgir ces haines que nous pensions enterrées à tout jamais», a déclaré le maire, qui évoque un «été de cristal», où «des rabbins , des enfants, des personnes identifiées comme juives ont pu être prises à partie dans des conditions épouvantables» ; d’où la «nécessité plus que jamais» d’un tel lieu mémoriel, selon lui.

Christian Estrosi a également répondu au premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui appelait lundi à faire «flotter le drapeau palestinien sur nos mairies»  le 22 septembre prochain. Soit le jour où la France officialisera sa reconnaissance de l’État de Palestine. «Ce qu’il est en train de faire est ignoble», balaye l’édile, obligé de retirer les drapeaux israéliens affichés sur le fronton de la mairie de Nice après une décision de justice. «J’appelle le gouvernement français à ce qu’on fasse respecter devant toutes les mairies de France, les mêmes décisions que celles qui ont été prises par le tribunal administratif de Nice», a-t-il affirmé.