Le PDG du géant américain est convaincu que ce type d’appareil, dopé à l’IA, remplacera un jour le smartphone.
Meta fait un pas supplémentaire dans la réalité augmentée. Et dans le futur. Le géant américain a dévoilé mercredi soir ses premières lunettes connectées qui combinent intelligence artificielle et écran intégré. Mark Zuckerberg a lui-même joué les VRP en présentant le modèle à l’occasion de sa grande conférence annuelle Meta Connect, consacrée à l’intelligence artificielle et à la réalité mixte.
Ce sont « nos lunettes les plus impressionnantes à ce jour, mettant en avant des années d’innovation en termes de vision virtuelle et en IA », s’est félicité le PDG de Meta qui a conçu ces lunettes en partenariat avec EssilorLuxottica, convaincu que ce type d’appareils remplacera à terme le smartphone. « Cette dernière innovation /…/ révèle un nouvel horizon et /…/ redéfinit complètement le concept de ’mains libres’», a déclaré de son côté Francesco Milleri, PDG du groupe italien, partenaire de Meta depuis 2019.
À partir de 799 dollars
Très attendues depuis plusieurs mois, ces lunettes – qui seront commercialisées sous la marque Ray-Ban – sont dotées d’un écran couleur, intégré dans le verre droit, qui permet d’afficher les messages entrants, les aperçus de photos, les appels vidéo et les indications visuelles générées par IA comme une carte lors d’un déplacement ou la traduction d’un panneau. L’affichage disparaît lorsqu’il n’est pas utilisé. Équipées de verres Transitions (des verres photochromiques qui s’adaptent automatiquement aux changements de luminosité), l’une des signatures d’EssilorLuxottica, elles peuvent être personnalisées avec sa propre correction visuelle.
Si l’écran, la caméra et les fonctions IA sont activables à la voix, ces lunettes seront également pilotées grâce à un bracelet qui détecte les mouvements des doigts et du poignet via la technologie de l’électromyographie. Cet accessoire a été conçu par Ctrl-Labs, une start-up rachetée en 2019 par Meta.
Baptisé « Ray-Ban Meta Display », l’ensemble sera disponible dans certains magasins aux États-Unis dès le 30 septembre à partir de 799 dollars, soit près de deux fois le prix des Ray-Ban Meta, déjà sur le marché. La commercialisation sera étendue au Canada, à la France, à l’Italie et au Royaume-Uni début 2026.
« Notre objectif est de créer des lunettes élégantes qui offrent une superintelligence personnelle et une sensation de présence grâce à des hologrammes réalistes », a déclaré le patron de Meta. Elles « offrent une nouvelle fenêtre sur le monde qui nous entoure », s’est réjoui de son côté EssilorLuxottica.
Un tournant
Pour Meta, qui s’est lancé dans cette aventure il y a près de dix ans, il s’agit d’un tournant. « C’est leur premier produit grand public de ce type à combiner la réalité augmentée et l’intelligence artificielle dans un seul appareil », relèvent les analystes de Wedbush qui saluent des « progrès encourageants » de Meta « qui ouvrent clairement la voie à la prochaine génération de produits et services destinés aux consommateurs ».
En parallèle, Meta a dévoilé une nouvelle génération de Ray-Ban Meta, encouragé par le succès du modèle existant (plus de deux millions de paires vendues depuis deux ans) qui a contribué à démocratiser les lunettes connectées auprès du grand public. Ce nouveau modèle est doté d’une capacité de stockage étendue à 3000 vidéos, d’une caméra de 12 megapixels et d’une autonomie de batterie supérieure (8 heures). L’assistant IA sera plus performant, équipé notamment d’une nouvelle fonctionnalité, « Conversation Focus », qui permet d’amplifier la voix de l’interlocuteur pour mieux la distinguer dans le bruit ambiant des cafés, restaurants et autres parcs. Ces améliorations seront intégrées aux mises à jour disponibles.
Le groupe a également présenté un autre modèle, sous la marque Oakley, à destination des sportifs. Il comprend une caméra de 12 megapixels (champ de vision de 122°), une batterie dotée d’une autonomie de 9 heures, et des haut-parleurs dotés d’une réduction avancée du bruit permettant de courir dans un environnement bruyant ou faire du vélo par vent fort. Grâce à l’intégration des applications Garmin et Strava, elles permettent aux sportifs d’accéder en temps réel aux informations sur leur performance. Disponibles en précommande, elles seront commercialisées au prix de 549 euros à partir du 21 octobre.
Un coût élevé
Avec ces différents modèles, Meta pose donc les jalons d’un nouvel axe stratégique. Avec EssilorLuxottica, « nous avons défini les lunettes avec IA comme une nouvelle catégorie technologique et avons introduit les premiers modèles grand public sur le marché, a déclaré Mark Zuckerberg. Je suis convaincu que les lunettes sont la plateforme idéale pour embarquer, un jour, la superintelligence ».
Des investissements qui coûtent cher au groupe américain. Sa branche Reality Labs, chargée du développement de casques, de lunettes et de logiciels pour le métavers, a creusé ses pertes, à 4,5 milliards de dollars ce trimestre, pour seulement 370 millions de revenus.
Mark Zuckerberg fait un jogging en portant les nouvelles lunettes Oakley Meta Vanguard à Menlo Park, le 17 septembre 2025.
Carlos Barria / REUTERS
« Il n’y a aucune chance réaliste que les ventes de lunettes connectées rendent cette branche rentable à court terme », estime Leo Gebbie, analyste chez CCS Insight présent lors de l’événement. Pour lui, « il s’agit plutôt d’un pari à long terme pour se libérer des smartphones, domaine dans lequel Meta a été étranglé par ses rivaux Apple et Google, et pour contrôler son propre destin dans le domaine des objets connectés portables ».
Il n’empêche, avec ces nouveaux modèles, Meta prend une longueur d’avance face à ses nombreux concurrents, de Google à Apple, qui s’apprêtent à se lancer au cours des prochains mois. Le jeu en vaut la chandelle. Le marché mondial des lunettes intelligentes, évalué à près de 2 milliards de dollars en 2024, pourrait atteindre 8,26 milliards par an d’ici la fin de la décennie, selon le cabinet Grand View Research.