Derrière leurs fourneaux, ils et elles mijotent bien plus que des recettes : une vision joyeuse, gourmande et engagée de l’alimentation végétale. Huit membres passionné(e)s, entouré(e)s de bénévoles, portent Les Marmites du Turfu, une jeune association strasbourgeoise qui multiplie les événements pour faire découvrir au public une autre façon de cuisiner. 

Inaugurée en janvier dernier, l’association strasbourgeoise Les Marmites du Turfu organise des événements autour de la cuisine végétale. Ses membres ont en commun l’engagement pour une alimentation durable, sans lésiner sur les saveurs. Des valeurs au cœur de leur projet. Rencontre.

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Atelier écofiction Festin turfu

© Lucie Dubois Résigraphie / Document remis

Le festin originel et un créneau à prendre

Avant les Marmites, il y a eu le Festin, du Turfu aussi. Une grande fête organisée en juin 2024, portée par la Guilde végétale du Stück (la monnaie locale). L’événement – inédit à Strasbourg – s’est tenu au Phare Citadelle, dans le cadre des rendez-vous de l’alimentation. Food-trucks, tables rondes, conférences, ateliers… de nombreuses animations étaient prévues autour du végétalisme. Un atelier cookies végans était même proposé aux enfants, animé par Denitsa Wagner, traiteur végane, animatrice d’ateliers culinaires et l’une des huit membres fondateurs/rices de l’association.

« Avec plus de 600 visiteurs au Festin du Turfu, on s’est dit qu’il y avait de la demande à Strasbourg. J’ai eu envie d’aller plus loin », relate Justine Rist, cofondatrice des Marmites du Turfu, aussi cheffe, formatrice et consultante en cuisine végétale. Une ambition partagée par six autres bénévoles : Tom Baumert, Shani Chevalier, Corinne Ferrand, Salomé Hethener, Houyam Lahsibi et Muriel Schiffmann.

festin-du-turfu © Valentine Zeler / Document remis

Pour Justine, « plusieurs asso font du militantisme autour de la question animale et environnementale à Strasbourg, mais il manquait ce côté un peu plus pratico-pratique ». « On sait qu’il faut manger moins de viande, mais concrètement, comment on fait ? », continue Salomé Hethener, étudiante en géographie.

L’association entend ainsi faire découvrir l’alimentation végétale au plus grand nombre. « On veut montrer comment réduire les repas à base de produits d’origine animale », explique Muriel Schiffmann, à la tête de l’école culinaire végétale « The vegan foodie project ».

Pour démocratiser cette façon de s’alimenter, les Marmites du Turfu continuent dans la lancée du Festin, en organisant un événement par mois, au moins.

La main à la pâte, sans sacrifier le plaisir

En novembre 2024, un premier dîner participatif s’est déroulé aux Petites Cantines. L’occasion pour les participant(e)s de passer à la casserole, avant de passer à table. L’association était aussi présente au Marché OFF de Noël, pour proposer des faux-gras (alternative végétale au foie gras) à déguster.

Cette année, en février, les Marmites ont invité la cheffe Natasha Tourabi pour animer un atelier de cuisine végétale indienne. En mars, un deuxième dîner participatif a eu lieu aux Petites Cantines, avec tapas et churros.

Les Marmites ne se limitent pas à la cuisine : « on s’ouvre aussi à la pédagogie », explique Justine, à propos d’un ciné-buffet organisé le 14 avril dernier au Cosmos, avec la projection du documentaire De l’assiette à l’océan, de l’association Blutopia.

marché off 2021 Marché OFF 2021. © Bartosch Salmanski 128db / Document remis

Le fil conducteur de ces actions reste la nourriture, celle qui régale. « On veut montrer que le végétal, c’est pas que du houmous », plaisante Justine. Les plats concoctés lors de ces événements – variés, originaux et gourmands – illustrent cette idée.

Ces rendez-vous ne s’adressent pas qu’aux végétarien(ne)s et végétalien(ne)s, mais visent à réunir un large public autour d’une cuisine plaisir, développe Justine : « Notre idée est aussi de faire venir des gens pas forcément acquis à notre cause. » Encore trop clivante selon Salomé, l’« étiquette végane » a été volontairement exclue pour le choix du nom de l’association, pour embarquer un maximum de monde.

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© Elliott Bossé / Documents remis

La part belle au local et le Festin remet le couvert

L’association travaille avec des partenaires locaux/les, engagé(e)s dans la cuisine végétale, mais pas que. Pour n’en citer que quelques-uns : les food-trucks L’essentiel chez Raphaël et Veg’Anne, ou encore Graines d’Alsace, la filière légumineuses locale. « Ça permet de briser des images toutes faites sur les végans », soulève Salomé.

Pour Muriel, à l’échelle locale, « beaucoup de gens font des choses extraordinaires, qui ont leur marque, leur entreprise ou font du bénévolat ». Les Marmites du Turfu mettent un point d’honneur à les valoriser. « On est un pont entre ces acteurs-là et le grand public », résume Justine.

graines d’Alsace © Site web des Graines d’Alsace / Capture d’écran

Pour continuer de créer ce lien, Les Marmites organisent leur deuxième Festin du Turfu le 25 mai prochain, toujours au Phare Citadelle. Les organisateurs/rices espèrent le même succès, si ce n’est plus, que l’an passé.

Pour le bon déroulé de cette journée, l’association cherche des volontaires. Des apéro-bénévoles sont proposés, afin de constituer les équipes pour le Festin, mais aussi de présenter les autres projets des Marmites.

festin-du-turfu phare citadelle © Kevin Witz / Document remis

Au four et au moulin

Les Marmites du Turfu ne s’arrêtent pas là. En plus de ces événements, l’association lance une cartographie collaborative de la restauration végétale à Strasbourg, avec Laura Diebold, formée en alimentation végétale.

Avis aux Strasbourgeois(es) : si vous connaissez des restaurants proposant des options véganes, vos suggestions sont les bienvenues. « C’est un travail qui se veut collectif », annonce Justine.

carte vegan © Les Marmites du Turfu – Gogocarto / Capture d’écran

De plus, pour démocratiser l’alimentation végétale, l’association s’engage à proposer des tarifs accessibles. L’entrée au Festin du Turfu était gratuite l’an passé. Et pour le ciné-buffet au Cosmos, une participation de 10€ était demandée, « moins cher qu’une place dans certains ciné », avance Justine.

Mais ces projets engendrent des coûts. « Pour cette nouvelle édition du Festin, on a des pointures qui vont venir », tease la cheffe. La participation aux frais de déplacement des intervenant(e)s (de Paris et Marseille notamment) pose la question du financement. « Le gros point de tension » de l’association, confie-t-elle.

Alors pour mettre du beurre (végétal) dans les épinards, l’organisation a monté des dossiers de demande de subventions, auprès de la Région, mais aussi d’organismes internationaux de promotion du végétalisme. En attendant, elle compte sur les dons des particuliers.

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