Il y a quelque temps, une locataire du 4e étage des Lilas 2, un immeuble qui en compte douze, situé avenue Bartolini, à Berthe, a frôlé l’intoxication au monoxyde de carbone. Alertée par l’odeur caractéristique, elle a heureusement eu le réflexe d’ouvrir ses fenêtres et de prévenir les secours et le bailleur.
L’incident semblait clos quand, début septembre… « Un agent d’Engie a toqué à ma porte, témoigne une autre habitante. Il venait pour installer des détecteurs de monoxyde de carbone dans les logements, suite à cet incident, pour notre sécurité m’a-t-il dit. Ça partait d’une bonne intention… »
Puis plusieurs de ces petits boîtiers n’ont pas tardé à s’affoler. « Et le même jour, à 13h30, plus de gaz. On était plusieurs à se retrouver en bas de l’immeuble, où un agent nous a dit qu’il y avait une fuite au 7e, que ça sentait dans toute la cage d’escalier et que GRDF était intervenu en urgence pour couper toutes les colonnes de gaz. »
« La galère sans eau chaude »
Une autre mère de famille témoigne: « On nous a parlé d’un bouchon dans l’une des colonnes, au 7 étage, et que ça avait dû fissurer un conduit de l’immeuble! On nous a clairement dit que, sans cette coupure, il y avait un gros risque d’intoxications et même d’explosion! »
C’était le 4 septembre. Jusqu’au 13, la totalité de la cinquantaine de logements a donc vécu sans eau chaude et sans gazinière. « On a dû se laver à l’eau froide ou la faire chauffer à la bouilloire… Je ne vous dis pas la galère avec les enfants », râle une habitante.
Et pour la cuisine? « Eh bien le micro-ondes, ça va 5 minutes… alors comme beaucoup d’autres locataires, j’ai fini par aller acheter une plaque électrique. Mais il y a aussi des personnes âgées et des personnes handicapées ici. Pour elles, c’était encore plus pénible. »
Un quart de l’immeuble toujours privé de gaz
Puis samedi dernier donc, la situation a enfin évolué: trois des quatre colonnes qui alimentent le bâtiment ont finalement été remises en service: « Mais personne n’est intervenu pendant une dizaine de jours, sans qu’on soit informé de rien, poursuit cette Seynoise. On a appelé THM (le bailleur) qui renvoyait la faute sur Engie Home Services (le prestataire), qui renvoyait à GRDF (le fournisseur)… C’est insupportable. »
Ce mercredi, un quart des logements des Lilas 2 était encore privé de gaz. Jusqu’à quand?
« Les ascenseurs régulièrement en panne, et celui qui fait un bruit inquiétant depuis des mois sans que personne n’intervienne, la moisissure dans les logements, les rats, les cafards… Tout ça, c’est déjà dur à supporter, alors si on doit avoir peur des fuites de gaz en plus et rester des jours et des jours sans eau chaude, c’est plus possible », enrageait une locataire indignée.
« Il y avait deux problématiques distinctes »
La directrice générale de Toulon Habitat Méditerranée (THM), Cristel Mondoloni, confirme qu’il y avait bien « un risque d’intoxication au monoxyde de carbone aux Lilas 2 ».
Lié non pas à un, mais à deux problèmes. « Une cheminée d’évacuation de gaz était obstruée par un bloc de béton au niveau du 7 étage – on se demande d’ailleurs comment il est arrivé là – qui formait un bouchon. » Prévenu le jeudi 4 septembre, le bailleur indique « avoir fait intervenir une entreprise, qui a réglé ce problème le lendemain même ».
Les fuites réparées
Mais cet incident aurait été concomitant avec une intervention de GRDF, non pas sur les conduites d’évacuation, mais sur les quatre colonnes d’alimentation de l’immeuble: « GRDF, dans le cadre des contrôles de ces installations dont il est propriétaire et assure la maintenance, s’est rendu compte qu’il y avait des petites fuites. C’était le même jour, le jeudi 4. Ils ont donc décidé de couper l’alimentation en gaz de toutes les colonnes, pour pouvoir réaliser les réparations. Mais ce sont donc deux problématiques totalement distinctes… »
La directrice de THM s’interroge en revanche sur le fait que « GRDF n’ait pas remis plus rapidement en fonction au moins trois des quatre colonnes, sachant qu’il n’y avait plus de fuite », laissant tous les locataires sans eau chaude ni gazinière pendane nombreux jours.
Le principe de précaution peut-être… À la demande THM, explique encore la responsable, GRDF a finalement remis ces trois colonnes en marche samedi dernier.
Elle rappelle que les occupants concernés sont d’ailleurs invités à contacter le fournisseur pour qu’un agent vienne au plus vite remettre les compteurs individuels en route. « Nous faisons des campagnes de SMS et de phoning en ce sens », assure-t-elle.
En attente de conformité
Concernant la 4e colonne toujours en rade et pénalisant un quart des logements des Lilas 2: « Le souci, c’est que pour que GRDF puisse remettre le gaz, le bailleur doit lui fournir un certificat de conformité, informe Cristel Mondoloni. On a fait la demande la semaine dernière à un organisme agréé, mais malheureusement, on n’a pas la main sur les délais. J’ose espérer que c’est imminent. »
À la lumière de cet incident, un habitant du quartier pas tout à fait rassuré soufflait cette idée: « Les Lilas ont été construits en 1965 et beaucoup d’autres bâtiments du parc HLM ne sont pas beaucoup plus jeunes… Vu ce qu’il vient de se passer ici, il serait peut-être prudent d’équiper tous les logements d’un détecteur de monoxyde de carbone, non? »