Pluie de milliards au Royaume-Uni. Avant même que le président américain Donald Trump n’ait posé le pied mercredi en territoire britannique pour une visite d’État de deux jours – ou plutôt 28 heures très exactement –, des entreprises des deux pays ont annoncé des investissements bien souvent à dix chiffres, des deux côtés de l’Atlantique.

L’annonce la plus importante revient au fonds d’investissement américain Blackstone, qui s’est engagé à investir pas moins de 90 milliards de livres (104 milliards d’euros) outre-Manche. Un montant impressionnant à relativiser, puisqu’il s’étalera sur dix ans, ce qui le rapproche finalement des niveaux d’investissement des autres. La Tribune fait le point sur ces déclarations spectaculaires.

Côté américain, sur le sol britannique

Les investissements privés américains vers le Royaume-Uni promis depuis dimanche atteignent un total de 150 milliards de livres (173 milliards d’euros), un record pour une visite d’État en terre britannique, selon un communiqué du gouvernement.

La palme de l’investissement le plus conséquent revient donc à Blackstone, avec ses 90 milliards de livres (104 milliards d’euros) sur dix ans. Le fonds d’investissement américain n’a cependant pas précisé la nature de l’investissement, ni les secteurs visés. Seule certitude pour le moment : ce montant fait partie d’un paquet de 500 milliards de dollars (422 milliards d’euros) que le directeur général, Steve Schwarzman, avait annoncé en juin vouloir investir sur une décennie en Europe.

Microsoft va aussi sortir le chéquier pour investir massivement au Royaume-Uni. Si l’enveloppe affichée s’avère trois fois moins élevée que celle de Blackstone – 30 milliards de dollars (25 milliards d’euros) – la durée est aussi bien inférieure, puisqu’il la distillera sur quatre ans, ce qui réduit l’écart entre les deux annonces. La moitié sera fléchée vers le cloud (l’informatique à distance) et l’intelligence artificielle (IA), le reste vers les opérations existantes de l’entreprise. Cet engagement d’envergure doit notamment permettre de « construire le plus grand supercalculateur du pays », a affirmé le groupe.

Autre géant de la tech sur le pont : Google va débourser 5 milliards de livres (5,8 milliards d’euros) sur deux ans au Royaume-Uni. Une somme destinée à financer un centre de données qu’il vient tout juste d’ouvrir dans le pays, mais aussi de la recherche et développement (R&D) – qui concernera notamment Google DeepMind, son laboratoire d’IA.

Le secteur bancaire américain compte aussi se développer en terres britanniques en investissant plus d’un milliard de livres. Notamment la banque Citigroup (1,1 milliard de livres, soit 1,27 milliard d’euros) ou encore le prestataire de services de paiement en ligne PayPal (150 millions de dollars, soit 127 millions d’euros). Ces investissements, qui concernent aussi Bank of America ou S&P, devraient permettre de créer 1 800 emplois à Londres, Édimbourg, Belfast et Manchester.

Enfin, OpenAI, pionnier américain de l’IA générative, et son compatriote Nvidia, champion des semi-conducteurs, ont conclu un accord avec l’entreprise britannique Nscale. Ensemble, ils vont mettre en place au Royaume-Uni une déclinaison du programme d’investissement international Stargate. Dévoilé en janvier, ce projet gigantesque, piloté par OpenAI avec le soutien de nombreux partenaires, dont Nvidia, vise jusqu’à 500 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures d’IA d’ici à 2029. Aucun chiffre n’a toutefois été associé à cette annonce.

Coté britannique, au pays de l’Oncle Sam

Les promesses ont été moins nombreuses dans ce sens. Le plus gros chèque sera signé GSK. Le laboratoire pharmaceutique va débourser 30 milliards de dollars (environ 25 milliards d’euros) sur cinq ans outre-Atlantique. Il faut dire que, comme 17 autres entreprises, le groupe fait face à la pression de Donald Trump. Le président américain leur a demandé de présenter d’ici au 29 septembre des « engagements fermes » pour abaisser le prix de leurs produits aux États-Unis, sous peine de représailles douanières. GSK a donc cédé aux menaces du dirigeant, du moins en partie. Il avait en effet « déjà prévu de dépenser de toute façon » au moins une partie de cette somme sur le sol américain, précise Steve Clayton, analyste chez Hargreaves Lansdown. Ces 30 milliards seront consacrés à de la R&D ainsi qu’à ses capacités de production.

Comme leurs homologues américaines, des banques britanniques ont fait part de leur volonté de se développer aux États-Unis. La banque en ligne OakNorth compte dégainer plus de 5 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) sur le marché américain en trois ans. Ce sera 700 millions de livres (807 millions d’euros) pour la banque Barclays, dans ses activités à New York.

Des investissements aussi publics
Les annonces d’investissements n’ont pas uniquement émané du secteur privé. Le gouvernement britannique en est aussi allé de la sienne. Lui qui dépense déjà quelque 10 milliards de livres (11,5 milliards d’euros) chaque année auprès d’entreprises américaines, s’est engagé à faire progresser ce montant à 12 milliards de livres (13,8 milliards d’euros) par an sur cinq ans. Parmi les secteurs qui en profiteront, ceux de la défense et des technologies.
Les États-Unis et le Royaume-Uni vont en outre nouer des partenariats. L’un, aux contours encore flous, pour doper la coopération technologique dans l’IA, le quantique et le nucléaire. Cette collaboration doit notamment permettre de déployer les ordinateurs quantiques (des supercalculateurs) dans la santé, la défense ou la finance. Un autre portera spécifiquement sur le nucléaire. Avec l’ambition d’accélérer les délais d’autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays et à renforcer les programmes expérimentaux sur la prometteuse technologie de la fusion.
À noter aussi que les agences spatiales des deux pays, la Nasa et la UK Space Agency, ont indiqué leur intention de développer des modèles d’IA pour soutenir leurs missions.